Depuis quelques années, dès les dernières neiges fondues, je vous annonce nos « plans » pour l’été (ou ce qui qui dédié à devenir des plans, parce que, soyons honnêtes, entre mai et juin, il est rare qu’on ne change pas 62 fois d’idées). M’enfin, cette année, des plans, on en avait. Et comme tout le monde, on n’en a plus.
Entre confinement et besoin d’espace
Fidèle à moi-même, j’ai la bougeotte, je ne me peux plus d’être immobile, particulièrement après bientôt 9 semaines de distanciation physique et d’interactions sociales plus que limitées (mais de qualité, c’est toujours ça).
J’en conviens : on ne sait pas de quoi l’été aura l’air. On ne sait pas s’il y aura bel et bien une saison touristique. On ne sait pas s’il faudra faire marche arrière sur le confinement. On ne sait pas à quel point il sera possible de (re)découvrir notre beau Québec. Difficile, voire impossible, d’élaborer quelque plan que ce soit.
Ce qu’on sait, par contre, c’est que les chances pour que les autres pays réouvrent leurs frontières sont minces. Et que cette année, le Québec aura besoin de nous plus que jamais, à défaut de profiter du tourisme international.
On sait aussi qu’il est peu probable que les rassemblements reviennent à la mode (ou qu’ils soient permis, tout simplement). L’on peut aussi assez facilement deviner que ce n’est pas demain la veille que nous pourrons légalement partager une habitation, une tente, une voiture ou inviter les ami.e.s à prendre un verre accoté à l’îlot de cuisine.
Pour moi, grande emprunteuse impromptue de divans d’autrui, amoureuse des plans tout croches et des roadtrips sketchs entre ami.e.s, c’est ma petite tragédie de privilégiée.
(Pis là, j’aimerais ça qu’on n’oublie pas que des vraies tragédies existent out there, que des gens perdent leur emploi, meurent, sont en deuil, ont peur, vivent la précarité ou la violence domestique, etc. Fin de l’édito.)
Je rammasse donc d’une main ce qu’on peut prétendre face à ce qui nous attend et, de l’autre, ce que l’on sait peu probable et dont on doit s’accommoder, puis je me concocte une sortie de secours, un au cas où. Ça me tient éveillée et ça m’aide à passer au travers un moment de vie m’imposant un espace spatial et temporel à l’antipode de ce que je suis.
Petit retour sur les derniers étés
L’été 2015, on l’a passé au Québec, alternant périodes à la maison avec roadtrips dans différentes régions, dont un au Saguenay.
Celui de 2016, c’était l’année de notre voyage de 6 mois en Asie duquel nous sommes revenus au milieu de l’été.
En 2017, on a voulu un petit temps doux, mais on ne voulait pas rester à la maison ni se lancer dans de grands projets comme l’année d’avant. On a donc enchaîné des échanges de maison et on a trimballé notre petite vie dans des villages de l’Abitibi, à s’inventer une vie régionale. Les plans sont restés flous jusqu’à la veille du départ et il avait aussi été question de passer l’été en Allemagne.
À l’été 2018, il était temps, un plus gros projet nous attendait : une enfilade de plusieurs semaines – et pas des moins complexe – d’échanges de maison et d’hospitalité, qui allait nous mener de Paris au nord de l’Allemagne, puis en Espagne, principalement dans les Asturies.
L’été dernier, en 2019, on avait comme « plans » de partir s’installer au Mexique et au Belize, mais la vie nous avait réservé de belles et de moins belles surprises et on a tout annulé sur un coup de tête. À la place, on s’est lancé.e.s durant sur les routes québécoises. 10 semaines à faire du petsitting et du homesitting, de l’Outaouais, à Montréal, en passant par la Gaspésie, la Mauricie, les Laurentides, entre autres.
(D’ailleurs, au retour, faut croire que je n’en avais pas eu assez de ces errances : je suis repartie pour 3 autres mois, seule, in and out comme on dit, et ai poursuivi ma découverte du Québec, finissant notamment par les Îles-de-la-Madeleine en novembre.)
Ce qui aurait pu composer notre été 2020
Cet été, en 2020, on avait une idée de plus en plus claire de ce qui nous attendait. On avait même commencé la planification. Sans entrer dans les détails étaient impliqués des pays scandinaves, deux mois de calendrier et un campervan.
M’enfin. On s’est fait covider nos plans de voyages 2020 et nous y voilà, à l’aube d’une saison estivale qui s’annonce sous le signe de l’incertitude et du fucking lâcher-prise.
Microaventure et tourisme local
Microaventure et tourisme local, ce sera, que veux-tu.
C’est correct, mais je ne m’attendais pas à ce que « mes plans pour l’été » se traduisent deux années d’affilées par « cet été, on reste au Québec ». C’est correct. Mais, oh well.
Cet été 2020 qui s’annonce…
Mais moi, j’ai l’habitude de partir sur des coups de tête rejoindre des ami.e.s à l’autre bout de la province. Je suis celle qui fait 947 kilomètres pour aller voir un show de Clay and Friends. Je suis celle qui pars sur la Côte-Nord avec l’idée d’atteindre Natashquan et qui se retrouve le lendemain à randonner dans les Monts Valin au Saguenay, résultat d’une discussion aussi courte que vive dans une chambre d’hôtel de Baie-Comeau avec ma partner de roadtrip.
Cette année, ces grands déplacements ne seront (peut-être) pas de la partie. Et je serai (probablement) seule dans ma voiture, le cas échéant (hors famille, je veux dire).
Mais moi, j’ai l’habitude de terminer tard ces soirées entre ami.e.s, qui s’étirent autour de discussions folles ou profondes, de musiques, de rires et – souvent – d’une bonne p’tite bière sur le bord du feu ou au pub du coin.
Cette année, non seulement ces soirées n’existeront peut-être pas – pas sous leur forme classique, du moins -, mais il me sera aussi impossible de m’imposer chez quiconque feele pour me laisser user son divan.
Un plan B… C-D-E… pour profiter de l’été malgré tout
Alors, je me concocte donc un plan B-C-D-E. Une sortie de secours sous la forme d’un aménagement de la voiture me permettant d’y loger confortablement.
Une organisation qui me permettra, je l’espère, de me retrouver au plus près de ce que je suis – éparpillée – sans contrevenir aux règles de la santé publique. Qui, au pire, ne me donnera qu’une impression de liberté et de mobilité. En 2020, je peux m’accomoder d’un fake trip.
Une idée qui s’enligne bien avec de vieilles envies et qui pourra, éventuellement, servir de prélude à plus, qui sait? C’est pas d’hier que j’aime ce genre de set up.
Une façon – des façons – de tirer profit au maximum de ces mois qui s’en viennent sans savoir ce que je pourrai réellement en faire… Mais, au moins, ça m’occupe et me déséparpille pour un moment.
3 commentaires
Tu sais, je n’avais pas réalisé, avant que tu parles de l’aménagement de ta voiture, que je ne pourrais plus dormir chez des amis. Je me sens vraiment bête, car mon premier plan était d’aller à Paris (ce que je devais faire avant que tout ne parte de travers). Mais impossible d’y aller sans être hébergement chez des proches, c’est vraiment trop cher.
Du coup, je n’ai aucune idée de ce que nous allons faire. J’envisage d’acheter une tente et un sac de randonnée. Mais, bof, je ne suis pas dans une région vraiment idéale pour ça (été extrêmement chaud, sécheresse ou moustique tigre).
Et au fait, comment fais-tu pour partir si souvent sans tes enfants ? ça me fait rêver certaines jours.
Ohhhh… ça m’a pris un certain temps à le réaliser moi aussi :/
Si je peux partir si souvent sans mes enfants, c’est qu’on est deux parents qui travaillent à distance et qui sont leur propre patron. Mon conjoint est très très présent à la maison et auprès des enfants et est beaucoup moins « sorteux » que moi. Il y a aussi le fait que mes enfants vieillissent et c’est plus facile de m’absenter quelques jours/semaines que lorsqu’ils étaient tout petits.
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