Restaurant dans le noir : repas mystère dans l'obscurité totale

Ça faisait des lunes que j’avais envie de tester cette expérience hors du commun. Après des années à me dire qu’il « faudrait bien y aller », je me suis enfin décidée et ai proposé l’activité à monsieur : un repas mystère dans l’obscurité la plus totale. C’est au restaurant Ô 6e sens, le fameux restaurant dans le noir, que je me suis donc retrouvée pour expérimenter la vie dans le noir le temps d’un repas.

Le restaurant Ô 6e sens n’est pas un restaurant comme les autres et ce n’est pas seulement parce qu’on y sert un repas surprise dans le noir. En fait, le restaurant engage des personnes non voyantes pour assurer le service au table. Ce sont, en effet, les mieux placées pour naviguer dans l’obscurité totale.

Le lobby à l’entrée est éclairé, mais la salle à manger est plongée dans l’obscurité totale

Comment ça se passe un repas dans le noir?

D’abord, on nous accueille dans une première salle à l’entrée, magnifiquement éclairée et faisant office de bar. On en profite pour déguster un petit drink au comptoir en attendant l’heure de notre réservation. On peut observer les serveurs et serveuses venir chercher les commandes. Chaud devant! qu’on entendra à tout bout de champ : leur façon d’annoncer leur arrivée. Tout semble pensé pour leur garantir un lieu de travail adapté et agréable. Je les regarde du coin de l’oeil et suis déjà impressionnée par leur grande efficacité.

L’heure arrivée, la personne à l’accueil nous explique le déroulement du repas et nous rappelle quelques consignes. Parmi elles : interdiction d’appareils pouvant émettre de la lumière. Les téléphones cellulaires doivent être complètement éteint ou entreposés dans un casier. On largue tout : téléphone, montre intelligente. Je n’avais pas pensé à cette déconnexion totale avant d’arriver, mais je dois dire que ça commence à me plaire et je n’ai pas encore mis le pied dans la salle à manger. Ça promet.

Le noir total, le vrai

Ensuite, André, notre serveur pour la soirée, vient nous accueillir. On voit qu’il a l’expérience et on se sent rapidement à l’aise avec lui. On fera le petit train, mains sur épaules pour pénétrer dans la salle à manger et nous rendre à notre table.

Dès la porte et le grand rideau passés, c’est le noir total. Pas le genre de noir où l’on peut finir par distinguer quelques contours à force d’accoutumance. Non, non. Le genre de noir dans lequel, même après une bonne période, on ne verra pas passer sa main devant ses propres yeux. La dernière fois que j’ai pu expérimenter le pitch black aussi parfait, c’était à 100 mètres sous terre, ça donne une idée.

On s’installe à la table et André nous aide à prendre nos repères : à gauche, le mur. À droite, un banc. La table est vide à notre arrivée et chaque item qui y est rajouté nous est présenté par le toucher.

Une expérience sensorielle

Les plats et les breuvages s’enchaînent ensuite. Trois services de trois mets chacun, dont on ne connaît absolument pas le contenu. On découvre donc avec les sens restants : l’odorat (tiens, ça sent sucré, ça, je crois déceler de la coriandre), le toucher (oh! c’est onctueux, tempéré) et bien sûr, le goût (t’as goûté la cannelle, toi aussi?).

Pendant ce temps, l’ouïe s’en donne à coeur joie. Entendre les autres invités papoter à leur table qu’on ne sait proches ou éloignées, avoir envie de parler doucement sachant notre interlocuteur à nos côtés, accorder une importance particulière à la tonalité, au rythme des paroles à défaut de pouvoir décoder les expressions faciales.

L’expérience est sensorielle et va bien au-delà du goûter.

On prend assez rapidement nos aises et on développe des techniques plus ou moins efficaces pour s’y retrouver. Le verre, collé au mur. La coupe de vin, avant le verre. La fourchette, toujours sur le bord de l’assiette. Oups, je crois que j’ai foutu un pain dans mon verre d’eau. Ah pis, tant pis, j’y vais avec mes doigts. De toutes façons, personne ne me voit.

Dans le noir, pas de jugement

Et il y a ça de merveilleux. Personne ne nous voit. Nul besoin de réfléchir à notre posture, nos expressions faciales, soutenir le regard de l’autre, faire attention pour ne pas se beurrer.

Plus le repas avance, moins j’ai envie de retourner à la lumière. À quand on service alliant l’hébergement avec nuitée complète?

Une fois le repas terminé, on reprend le petit train. Lorsqu’on émerge dans le lobby, le retour à la lumière (diffuse, mais tout de même) me rappelle que l’expérience est terminée. André nous salue, on le remercie, puis on passe près des cuisines, où le chef nous présentera ce qu’on a effectivement mangé. J’ai eu plusieurs surprises, mais suis bien fière d’avoir réussi à identifier quelques épices ici et là…

Petites questions en vrac

On fait quoi si on est allergique ou qu’on a des limitations alimentaires?

On avise le chef au moment de la réservation.

Je suis un peu difficile avec la nourriture, j’ai peur de ne rien aimer.

Il faut savoir que bien que les plats sont relativement élaboré, aucun ne m’a semblé trop relevé ou funky. Il est certains qu’avec l’expérience vient le risque de ne pas tout aimer. La bonne nouvelle, c’est que ce sont 9 plats (ou 6, selon le service choisi) qui nous sont présentés. Il serait étonnant que vous n’en aimiez aucun.

J’ai peur de ne pas être à l’aise dans le noir.

Se retrouver dans le noir total le temps d’un repas peut sembler effectivement intimidant et je comprends que certaines personnes pourraient avoir peur d’être angoissées. Sachez que le personnel est sensible à cela et que tout est mis en place pour vous assurer une expérience positive. N’hésitez pas à en parler avec votre serveur. Pour ma part, je dois avouer m’être habituée beaucoup plus rapidement que ce que je ne l’aurais cru, mais chaque personne est différente.

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