On rêve à une destination, on y pense, on cherche comment concrétiser notre projet, on trouve (ou pas), l’on se lance (dans tous les cas), puis on attaque les préparatifs.
Découragement fugace à l’approche d’un grand voyage
Ah! Qu’il fait bon d’être enfin dans l’action, dans le vrai, dans le concret. Les passeports? OK! Les billets d’avion? Achetés! C’est maintenant vrai, on part, on ne peut plus reculer. C’est excitant!
Et le temps passe, les étapes se succèdent. Assurances, matériel, visas. Prendre congé du travail, déléguer certaines tâches. Réfléchir à ce qu’on fera de la maison, de la voiture, du chat. Le mauzus de chat. On verra ça plus tard. Soupir.
Le temps file, la terre tourne
Puis, il y a tout le autour, parce que la terre continue de tourner en attendant qu’on la contourne.
Les études, la famille, les enfants, l’école de la grande, la garderie des petits, le contrat à gauche, le mandat à droite, un livrable, deux livrables, l’épicerie, le lavage, le ménage, les soupers entre amis, les roadtrips de fin de semaine, c’est où Noël cette année déjà? Le temps file. La to-do list semble s’allonger à perpétuité.
Tout ça, pour moi, c’est d’ordinaire excitant. En temps normal, cela représente un défi, une montagne à gravir, avec au bout, une récompense énorme, une partie du monde à découvrir, un lot d’expériences, une éjection hors de ma zone de confort, du bonbon.
0.0001 %
Ça, c’est 99 % du temps. Il y a toujours un petit 1 %, je dirais même probablement 0.001 %, d’écoeurement qui vient s’immiscer entre ma détermination et mon positivisme, juste au-dessous de mon néocortex et au-dessus de mon coeur.
Ce micromoment où, fatiguée et animée d’une seule envie : enfiler mes pantoufles, au sens propre et figuré, me blottir sur le sofa, les rideaux fermés, siroter un petit blanc devant un feu de foyer, musique d’ambiance en prime. De la guitare classique s’il vous plaît.
Et rester ainsi. Dans mon confort.
Ce 000.1 %, il me fait trébucher.
Tout ce qu’il reste à faire! Vais-je y arriver? Et c’est quoi cette idée de partir en Asie avec les enfants? Faire un pied de nez à l’année scolaire, vendre la voiture, caser le chat (ah! le mauzus de chat…), sous-louer la maison, et tout ça pourquoi? Et puis, là-bas? S’entasser tous les 5 des mois durant? Pas de petits voisins qui viennent chercher les filles pour l’après-midi. Pas de soirée childfree entre amis. Motiver les troupes dans les travaux scolaires, trimballer tout ce beau monde d’un endroit à l’autre, les milliers d’heures d’avion, changer de lieux, d’environnement linguistique…
Adieu confort, bières de micro et douches chaudes.
Et pis, ya bien trop d’monde en Asie!
Moi qui affectionne tant les longues promenades de fin de soirée en solitaire, les grandeurs de mon pays où on se partage un territoire mille fois plus grand que nos ombres. Où les grands espaces sont notre marque de commerce.
J’étouffe rien qu’à penser aux foules des villes asiatiques. Et si un des enfants sortait de mon champ de vision? Tombait malade?
Et si je trouvais le temps long, au final?
Ce n’est pas un voyage comme les autres. Il y aura des temps morts. C’est pourtant ce que je voulais pour cette fois. Mais comment ai-je pu penser à ça? Un mois de backpacking en Europe, ç’aurait été bien suffisant, non?
L’envie fugace de tout balancer par-dessus bord
Bref, l’envie fugace de tout balancer par-dessus bord et de rester bien sagement dans mes pantoufles.
Avec mon latté, mon eau chaude, ma vie-pas-très-rangée-déjà-remplie-de-rebondissements-mais-pourquoi-aller-exponentialiser-ça-bordel-?, le mauzus de chat, les amis du quartier, les invitations à souper, mes jeudis childfree, mes roadtrips de fin de semaine, mes p’tites bières de micro.
L’envie microscopique, bien réglée dans le temps, de laisser ça aux autres, de m’enraciner encore plus, d’enfiler mes pantoufles, au sens propre et figuré, me blottir sur le sofa, les rideaux fermés, siroter un petit blanc devant un feu de foyer, musique d’ambiance en prime. De la guitare classique s’il vous plaît. Ou peut-être du Yann Tiersen, tiens, je voyagerai un peu ainsi. Et rester comme ça. Dans mon confort. Exit l’exotisme et les idées de grandeurs.
Mais non! Qu’est-ce que je fais là? Ce projet, comme les autres projets réalisés par le passé, demande certes énormément de volonté, d’efforts, d’économie, de sacrifices, mais est aussi, sinon plus, désiré que les précédents. D’ailleurs, bien que je n’aie aucun souvenir de la chose, je suis absolument certaine d’avoir ressenti l’équivalent avant chacun de nos départs.
Le voyage (la vie), c’est un peu tout ça, non?
Dans le fond, c’est normal par petits bouts de se sentir submergée, de perdre un peu confiance en soi, non? C’est normal et humain.
À quoi est-ce que je m’attendais au juste?
À une belle préparation facile, rose bonbon, pataugeant dans le bonheur et la félicité, à rêvasser en continu, le regard béat, le sourire niais, tout en cochant d’une main maestria les lignes d’une to-do list domestiquée et en pointant gracieusement de l’autre des noms exotiques sur une mappemonde?
Mais non! Le chemin à parcourir est aussi, sinon plus, formateur que le voyage en soi.
C’est un peu tout ça, le voyage : le beau, l’excitant, le fébrile, le décourageant, l’alanguissant, le stimulant.
C’est un peu tout ça le voyage, avant, pendant, après.
Je suis d’ailleurs la première à le clamer haut et fort, d’une mine et d’une voix convaincues, vendues.
*****
Cet état d’esprit ne dure généralement que quelques minutes à la fois. Ça ne prend pas grand-chose pour raviver la flamme et rallumer la confiance. Mes petits moments de faiblesse et d’insécurité, que voulez-vous.
Rassurez-moi. Dites-moi que je ne suis pas la seule à vivre ce tourbillon d’émotion devant de grands projets, que ce soit de voyage ou non…
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16 commentaires
Comme je te comprends! Une fois le visa reçu et la grande nouvelle annoncée à mes proches (je ne pars pas pour quelques mois, je déménage carrément dans un autre pays!), je me suis tout à coup sentie submergée et anxieuse. Heureusement, j’ai le support de mon copain outremer et de sa famille qui m’attend les bras grands ouverts!
Bonne chance dans tes préparatifs, et bon voyage!
Bonjour Frede! Oh tu déménages où? C’est génial!
Avant de nous installer en Australie, j’ai certainement ressenti ce genre d’émotions. Semblerait qu’on oublie! Je me souviens avoir ressenti un genre de sentiment de dépassement à notre arrivée là-bas par contre. Une bonne nuit de sommeil a tout réglé, heureusement.( http://seinplementpourmoi.ca/blog/activite-voyage/en-route-vers-melbourne/ ).
Je ne sais pas pour toi, mais quand, de mon côté, je me sens comme « ça », je feel cheap. Comme si je n’avais pas le droit de ne pas apprécier chaque minute, chaque seconde de tout ce qui touche à ce voyage.
Bons préparatifs à toi aussi, et merci de me faire sentir moins seule ;)
Je pars rejoindre mon British d’amoureux à Lincoln, en Angleterre! Une superbe aventure sans aucun doute, et je m’y sentais déjà comme chez moi à ma première visite… Et quel magnifique pays, surtout pour une photographe! ;)
Je vais jeter un oeil à l’article que tu mets en lien… Te lire m’a fait du bien, je me sens moins extraterrestre… :) Parce que oui, je me sens un peu « cheap » aussi par moments. Heureusement, ça ne dure jamais longtemps et l’excitation reprend vite le dessus!
J’en profite pour te souhaiter une bonne fin de session! :)
Bien oui, j’ai été fouiné sur ton blogue ;) Wow, quelle belle aventure (romantique en plus :P). Il faut foncer, rien n’est jamais coulé dans le béton, il faut prendre les trains quand ils passent et saisir la vie, mordre dedans à pleine dent!
Merci pour la fin de session… elle me semble interminable celle-là (c’est comme pour toutes les autres dernière sessions que j’ai vécues jusqu’à maintenant, le blues de la presque fin je crois bien!).
Bonne fin de session à toi aussi? Où as-tu peut-être déjà terminé?
Je me retrouve parfaitement dans ton article car je suis en plein dedans! Le blues pre-départ ! Je viens juste de démissionner pour partir vivre avec mon mari en Asie! Départ le 30 Décembre! Et dans tout ça se mêle un mélange d’excitation et un mélange de « Oh mon dieu mais qu’est-ce qu’on est en train de faire! Tout plaquer pour partir à l’autre bout du monde mais quelle idée?? ». C’est une période où l’on se sent un peu bi-polaire en fait! Et puis on se rassure! Pas grand chose à perdre et être enfin maitre de sa vie! Profiter, s’enrichir, découvrir, tout ça n’a pas de prix! L’aventure sera belle j’en suis sure pour vous comme pour nous!
Bon voyage et merci pour cet article!
Oh merci Mylene pour ce commentaire!
Peut-être nous croiserons-nous en Asie? ;)
Contente de voir que ça fait écho chez plusieurs voyageurs… Il y a un drôle de sentiments de rattaché à tout ça, et c’est ce qui fait la beauté de la chose.
Bon préparatifs, je vais suivre tes aventures!
Un peu de découragement ici aussi ! C’est aussi le sujet du jour sur mon blog ;-) Le temps passe trop vite !!!
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Ouais, je pense que c’est tout à fait normal de se décourager à certains moments. Après, tout dépend de la destination, certains pays sont plus compliqués que d’autres au niveau des visas, tout ça… Mais bon, comme tu dis, la flamme se ravive vite quand même ! Couraaaage !
Merci Lucie!
Il y a tant à faire. De notre côté, ce n’est pas la destination qui rend les choses compliquées, mais bien le mode de voyage qui rend disons les choses.. plus complexes un peu. Travail nomade, les histoires avec l’école, se faire remplacer auprès de mes clients, etc. Mais on va y arriver!
Ton article me fait du bien! En ce moment, on dirait que j’ai la chienne héhé! Je me dis que je suis plutôt bien chez moi et que c’est une folie. Tout ce qu’on peut se dire quand on a peur… Je me sens moins toute seule à vivre ça! Il y en a d’autres qui l’ont vécu avant moi. Merci!
Ohhhhhhh oui! Et même en multipliant les départs, c’est un sentiment que je connais pratiquement chaque fois. Il vient, il passe. Il ne faut juste pas trop lui accorder d’attention, car ce n’est pas lui qui nous aidera à faire le grand saut ;)
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