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Notre été : 2 mois au Québec en famille et travail nomade

Si vous m’avez suivie ne serait-ce qu’un peu sur les réseaux sociaux durant l’été, vous êtes au courant que j’ai passé les deux derniers mois sur les routes du Québec. L’idée est partie d’un revirement de situation et d’un projet terriblement flou, pour se terminer par un trajet un peu brouillon, mais fort efficace. Je vous raconte tout ça ici.

2 mois au Québec en famille : les bases du projet

J’en parlais dans un article publié en juin : on avait d’abord comme projet de passer deux mois en Amérique centrale, parce qu’on cherchait du slow, du doux, du beau, des horaires flous, des règles encore plus floues et des p’tits stands de fruits dans la rue.

Mais l’année (je fonctionne encore en années scolaires) a filé à toute allure et la vie et la mort, dans toute leur intensité, sont venus foutre le bordel dans nos plans-pas-d’plans. On est donc restés au Québec.

Mais pas question de ne pas bouger : nous allions encore une fois profiter de notre liberté géographique. En vrai, rester tout l’été à la maison nous effrayait profondément.

Bref, on allait voyager au Québec en famille cet été. On s’est donc dit qu’on ferait une grande tournée de notre belle province (et de ses microbrasseries [et bars laitiers], tant qu’à y être). Un roadtrip bien de chez nous.

On se disait que c’était pas plus mal, que nos derniers vagabondages dans la province, hormi les 72 000 aller-retours en Abitibi, remontaient à un peu trop longtemps, que bien des régions restaient pour nous encore des mystères. Pas pour rire : la dernière (et seule) fois que j’ai mis les pieds en Gaspésie, j’étais enceinte de mon p’tit dernier. J’ai frôlé l’Outaouais à l’époque où je faisais plus souvent la fête qu’autre chose et n’ai jamais encore mis les pieds sur la Côte-Nord.

2 mois sur les routes du Québec : Bilan

Voyager au Québec en haute saison sans réservations

On se demandait c’était comment voyager au Québec en haute saison sans réservations, sans plans, sur un nowhere, en partant sur les routes en n’ayant pas planifié grand-chose. Je ne m’épivarderai pas sur le sujet : on s’est vite rendu compte que ça n’allait pas du tout.

Avec 3 enfants, un certain besoin d’espace (parce qu’on travaille sur la route), c’est presque mission impossible, tant dans l’idée de trouver quelque chose de potable qui n’est pas overbooké depuis des siècles (sérieux, les gens commencent à planifier leurs vacances en Gaspésie dès la petite école ou quoi?), tant dans celle de ne pas vendre trois reins et un bras pour se loger décemment.

Voyager au Québec par l’échange de maisons

Une chance qu’on avait déjà mis au top de notre échelle de préférence les échanges de maisons et le gardiennage de maison/d’animaux. D’une part, oui, c’est que ça permet d’économiser gros. D’autre part, c’est qu’on aime profondément ça. On aime prêter notre maison, on aime s’occuper de celle des autres et on aime encore plus ça quand ça se fait par le biais d’un échange réciproque.

Donc, je me suis mise à la recherche d’échanges. Mais comme je boude un peu les réseaux officiels cet été et que là aussi, la majorité des vacanciers semblent commencer la planification de l’autre côté de la paroi utérine, j’ai choisi d’y aller comme on avait fait en 2017, lors de notre été en Abitibi en échanges de maisons : par le bouche à oreille.

J’ai récolté un succès mitigé du fait de mon dernière-minutisme. J’ai néanmoins réussi à trouver 2 familles qui allaient venir s’installer dans ma maison le temps d’un p’tit séjour à Québec sans que moi, je me rende dans les leurs, et ça m’a rendue folle de joie.

Ça m’a rendue folle de joie, parce qu’au nombre de maisons qui m’ont été prêtées cet été, j’aurais vécu un tout petit mimi sentiment d’imposture si je n’avais pas pu rendre la pareille. Ça, et le fait que j’aime prêter ma maison. Elle est sobre, sans flafla, mais elle est confortable et suffisante et j’aime penser qu’elle peut rendre une famille heureuse pendant ses vacances.

Voyager au Québec par le homesitting et le petsitting sans passer par les réseaux officiels

Donc, je règle ça tout de suite : non, je ne peux pas vous conseiller sur les réseaux de homesitters/petsitters, parce que je ne les utilise pas. Je homesitte d’une façon informelle, m’occupant de temps en temps d’animaux dont les maîtres sont partis en vacances, d’un jardin à arroser ou d’oeufs à récolter.

Et c’est finalement comme ça, majoritairement, qu’on a visité le Québec pendant 2 mois cet été.

*Si le sujet du homesitting vous intéresse, je vous encourage à aller lire l’article de Lucie (lien en fin d’article).


Notre tour du Québec semi-improvisé en 10 étapes

Étape 1 : Abitibi

Lac en Abitibi

12 jours en Abitibi, fidèles à nos habitudes. Les 10 premiers passés dans un chalet sans WIFI (!) sur le bord d’un lac du fin fond de l’Abitibi Ouest, à Rapide-Danseur. J’en avais un peu parlé dans cet article où je vous exposais nos plans pour l’été. 10 jours entourés d’une partie de mes humains préférés. 10 jours à se lever avec une vue sur l’immensité des lacs abitibiens. 10 jours de rires, de gin tonic, de p’tites bières de micro (on avait fait des réserves), de feux de camp, de tournées en ponton ou en chaloupe.

10 jours à tenter de terminer un gros mandat sans internet (ce qui s’est avéré être plus simple que je ne l’aurais cru, même s’il m’a fallu me rendre en ville à deux reprises pour mener à bien quelques parties). 10 jours de luttes sanguinaires contre les moustiques à panaches. De coucher trop tard, de lever trop tôt, d’enfants crasseux mais heureux et de famille réunie dans ce qui nous semblait être l’abondance de belles choses. J’ai même assisté à un mariage surprise, essayez de battre ça.

Se sont ensuivies deux journées supplémentaires à Amos et une petite tournée à Rouyn-Noranda.

Étape 2 : Cantons-de-l’est

Bromont

Alors là, ça commençait la saison du petsitting en grand! Une chaleureuse maison à Granby (dont la famille propriétaire était occupée à décupler ses sens au Vietnam) 3 chats, 2 hamsters et beaucoup de travail abattu efficacement, tout en parcourant les routes des Cantons-de-l’est.

Constat : 10 jours pour visiter les Cantons-de-l’est, c’est peu. Nous avons bien eu le temps de nous évader à plusieurs reprises : Coaticook, Bromont, Orford, Sutton, Eastman… Mais la liste des choses que j’aurais aimé y faire (arbre en arbre, Foresta Lumina, visiter Dunham et Frelighsburg, monter le mont Gosford, etc.). reste longue et je devrai y retourner.

Je détaillerai prochainement le contenu de ces 10 jours d’improvisation dans une région qui m’a complètement charmée.

Étape 3 : Outaouais

Ottawa Plage

En Outaouais, c’est à Cantley que nous étions attendus, au Mont-Cascade, dans la maison d’une famille sillonnant les routes de l’est du pays à ce moment. Là, rien de bien compliqué : arroser le jardin et les plantes, profiter de la quiétude et de l’éloignement des lieux et s’émerveiller d’un chevreuil ou deux errant dans la cour à l’occasion.

C’est donc de Cantley qu’on est partis visiter Gatineau (Hull), Ottawa, le parc de la Gatineau et Chelsey. On a aussi profité de la route du départ pour s’arrêter à Montebello.

Étape 4 : Laurentides

Val-David

Nous voilà donc dans les Laurentides pour une semaine qui sort de l’ordinaire : on a loué un condo à Mont-Tremblant avec le beau-frère, la belle-soeur et nos filleules. C’est avec eux et elles qu’on avait visité le Lac-Saint-Jean en 2015. J’en ai profité pour grimper le Mont-Tremblant avec le beau-frère, randonné à Val-David avec la belle-soeur et fait une petite escapade à Prévost avec monsieur.

En gros, une semaine remplie de descente de rivière en canot, de visites de microbrasseries, de piscine, de soirées qui s’étirent, et de cousins et cousines heureux.euses de passer du temps ensemble.

Étape 5 : Québec

Neuville

Ce qui est bizarre lors d’un voyage près de chez soi, c’est qu’on a la possibilité de repasser à la maison le temps de recharger les batteries, de revoir les ami.e.s, de régler quelques trucs et de réajuster le contenu des bagages. Nous n’étions partis que depuis 4 semaines, mais cette petite pause de 4 jours a été plus qu’appréciée, particulièrement par les enfants.

J’avais quand même la bougeotte et un certain allègement au travail; j’en ai profité pour aller me balader, en Beauce, à Saint-Georges, où je n’avais pas mis les pieds depuis belle lurette, et à Wendake.

Étape 6 : Montréal

Montréal

Alors qu’une famille montréalaise profitait des beautés gaspésiennes, nous étions installé.e.s à Montréal. Pendant ce temps, une famille de Terrebonne était installée à Québec dans notre maison. C’est ça que je trouve beau dans tout ça : une espèce de générosité circulaire, empreinte de confiance et d’humanité.

Ces 10 jours à Montréal représentaient mon premier séjour en tant que touriste dans la ville. J’y étais allée souvent, de passage, toujours. Un lancement de livre par ci, un congrès professionnel par là, un concert, une visite d’ami.e.s, des vacances en famille durant l’enfance, pour le travail, etc.

Bref, encore ici, j’ai trouvé que 10 jours, c’était peu. Pour mon rythme du moins (#slooooow). On s’est bien baladés dans le Vieux-Port, le Vieux-Montréal. Puis, les autres classiques : Mont-Royal, Centre-Ville, quartier des spectacles, quartier chinois, etc. J’aurais aimé passer aux choses sérieuses et déambuler plus longuement dans les quartiers moins touristiques, mais le temps m’a manqué. Ce sera pour une autre fois.

Street art Montréal

Étape 7 : Mauricie

Après Montréal, direction Shawinigan, en Mauricie, dans une grande maison prêtée par une collègue-amie avec qui j’ai étudié la musique à l’université. On ne s’est jamais vraiment revues par la suite (on a gradué en 2008), mais on a gardé contact (merci réseaux sociaux). Elle m’a simplement écrit, après avoir lu une publication où je disais vouloir aller dans le coin de la Mauricie : « Je vais te le prêter, moi, ma maison. ». C’était si simple.

Donc, 5 petits jours à Shawi, à garder une lapine et un jardin, d’où on a finalement fait très peu de choses, étant donné la pluie quasi incessante (ça arrive). On a quand même eu le temps de visiter quelques microbrasseries, de se balader dans Trois-Rivières, puis dans Shawinigan, d’aller au Musée POP, voir l’exposition Attache Ta Tuque, puis celle sur l’histoire de la bière au Québec.

Étape 9 : Québec, encore!

Massif du Sud

Et hop! Un autre petit détour par la maison. Une bonne semaine, cette fois-ci. Monsieur avait beaucoup de travail à abattre ces jours-là et moi, j’en ai profité pour déballer les sacs d’école délicatement garochés dans le fond d’une pièce à débarras avant même la fin des classes, de trier ce qu’il restait, de voir ce qu’il fallait acheter pour la nouvelle année, de commander les cahiers et d’aller me procurer les articles manquants. Je n’ai jamais été aussi efficace.

Ça changeait bien des dernières années, où on revenait de voyage quelques jours avant la rentrée, alors que monsieur partait en voyage d’affaires à Seattle et que je devais courir les magasins avec les trois bambinos en tentant de tout préparer à vitesse grand V.

J’ai profité de cette petite semaine pour explorer les alentours avec une amie. Nous sommes donc parties 3 petites journées dans Portneuf, dans Bellechasse, puis dans Lotbinière.

Étape 10 : Gaspésie

Bioparc Percé

Après 7 jours, je dois vous avouer que le besoin de bouger commençait à se faire sentir. C’était tant mieux, car un dernier petsitting se trouvait devant nous. Une jolie maison avec vue sur mer dans la Baie des Chaleurs, il y a pire pour terminer ce voyage local.

Deux chats à s’occuper, des plantes à arroser et un petit souci de plomberie à surveiller (qu’on connaissait avant de partir, rassurez-vous).

De là, nous en avons surtout profité pour vivre doucement et traîner dans les alentours : Saint-Siméon-de-Bonaventure, Caplan, New-Richmond, Carleton-sur-mer… Manger à la plage municipale, attraper un coucher de soleil, se tremper les pieds dans l’eau salée, se dire encore et encore que ça semble irréel d’avoir cette vue-là, gratuite, extraordinaire, en revenant de l’épicerie acheter un inintéressant dentifrice.

Sainte-Anne-des-Monts

On est aussi allé voir si on était vers l’est ou au nord, dans les alentours de Percé et de Sainte-Anne-des-Monts, puis à Amqui, sur la route du retour.

Amqui


Conciliation travail-famille-voyage

Il serait presque indécent de ne pas parler de cet aspect, puisqu’il s’agit là d’un point majeur de notre été au Québec.

L’année dernière, j’avais tenté d’exprimer un sentiment mitigé suite à nos deux mois d’échanges de maison en Europe. La préadolescence qui commençait à s’immicer doucement dans notre vie familiale demandait de redéfinir les règles du jeu. Cette fois-là avait été bien différente de cet été en échange de maison en Abitibi (où je n’avais pratiquement juste pas réussi à travailler), et à cette expérience de 6 mois en Asie (alors que les enfants étaient des enfants, tout simplement), ou encore à cette année passée en Australie (où je n’avais QU’UNE SEULE ENFANT (!), qui était, de surcroît, encore un bébé-toddler.

D’ailleurs, à la question « Faut-il modifier notre façon de voyager? » que je me posais en fin d’article, j’avais répondu : « Je ne sais pas. De toute façon, quand bien même on réussirait à statuer sur la question, la situation aura le temps de changer d’ici notre prochain départ et tout sera à réévaluer. »

Voilà, les voyages se suivent et ne se ressemblent pas, tout comme les expériences de cette conciliation travail-famille-voyage si difficile à cerner.

Cet été, je crois qu’on a atteint le meilleur équilibre qui soit de part et d’autre. Nous avons essentiellement travaillé tous les matins de 8 à midi (variable, on s’entend), puis sommes partis à l’aventure après un bon repas, pour ne revenir que peu de temps avant l’heure du dodo. Les enfants s’occupaient d’eux-mêmes tout l’avant-midi pendant que les parents (les deux! une première en 11 ans de voyages avec enfants) pouvaient travailler EN MÊME TEMPS (j’assume mes caplocks).

Donc, ces enfants, laissés à eux-mêmes durant cette première partie de la journée, se levaient, mangeaient et s’adonnaient à ce à quoi ils avaient envie (liberté totale ou presque). En après-midi, il et elles avaient des parents satisfaient du travail accompli et pleinement « là » pour eux, avec eux.

Plage Gaspésie


Notre été au Québec : quelques statistiques

  • 70 jours
  • 7800 kilomètres parcourus (moyenne : 111 km/jour)
  • 31 microbrasseries (dont 27 avec les enfants)
  • 8 régions touristiques
  • 2 familles qui ont profité de ma maison
  • 1 chalet
  • 1 condo
  • 5 homesitting

Les soeurs grises


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Éparpillée professionnelle, langagière de métier, étudiante à perpète, géographiquement indépendante, voyageuse et mère X3. Voyages, linguistique, tourisme brassicole et musique teintent mon quotidien.

3 commentaires

  1. Les photos donnent franchement envie, mais à chaque fois, c’est le coût de voyager au Canada et la logistique qui me bloquent. C’est idiot, je sais… y’a tellement à explorer! Ça fait 15 ans que je vis à Ottawa et je connais bien le sud de l’Ontario (vachement grand, l’Ontario…), Winnipeg et le Québec jusqu’à Québec. Donc en gros, je ne connais finalement pas grand chose du pays.

    L’avion est cher, les hôtels/Airbnb aussi dans l’ensemble. Pour un budget moindre, je préfère du coup partir en vadrouille à l’autre bout du monde. Finalement, ce que je retiens de tes aventures, c’est que le Canada se découvre mieux sur la route et en prenant son temps :-)

    • Bonjour Juliette!

      C’est exactement pour la même raison qu’on a repoussé la découverte de notre propre province (et il reste encore le pays, hein!) : le budget. C’est le homesitting qui a sauvé la donne… J’en suis arrivée à un budget semblable à celui de l’Europe (prochain article sur le sujet, à suivre).

      Et oui, je crois que le Québec se découvre mieux sur la route et en ayant du temps devant soi :)

  2. C’est bon à savoir en tout cas. Découvrir un pays sur la route est plutôt mon style de voyage (je l’ai fait beaucoup en Australie, en Amérique Centrale et du Sud), mais je préfère prendre le bus ou le train que d’être em voiture ou en van. Encore une fois, question de logistique… c’est tellement plus simple d’être passagère!

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