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Cajoler un éléphant au nord de Chiang Mai

On s’entend : passer une journée (ou plus) dans un sanctuaire d’éléphants est une activité souvent présente sur la bucket list des voyageurs se rendant en Thaïlande. Avec raison. Honnêtement, c’était aussi sur la mienne (même si je ne suis plus vraiment dans le mood des bucket lists).

Passer une journée dans un sanctuaire d’éléphant à Chiang Mai

Même s’il est possible de visiter un sanctuaire d’éléphants dans bien des endroits en Asie et ailleurs en Thaïlande, Chiang Mai et ses alentours représentent une place de choix pour plusieurs voyageurs. C’est que l’offre ne manque pas (j’y reviendrai).

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Toujours est-il que nous étions dans la région depuis un peu plus d’un mois et la fin de notre séjour en Thaïlande approchait. Visiter un sanctuaire d’éléphants nous tenait à coeur; ces derniers étant si souvent maltraités dans les zoos, nous voulions pouvoir montrer aux enfants l’envers de la médaille.

 

Je passe ici l’étape du magasinage, mais j’y reviendrai dans un prochain article, car tous les sanctuaires ne se valent pas, autant en ce qui concerne l’expérience qu’on y vit que la qualité des soins apportés aux animaux pensionnaires. Il me semble important de bien choisir le sanctuaire où l’on décidera de donner temps et argent.Sanctuaire d'éléphants Chiang Mai

Donc, dans notre cas, une fois passée l’étape de la comparaison entre plusieurs sanctuaires et de la prise en compte du peu de temps qu’il nous restait pour concrétiser le projet, on a opté pour un sanctuaire qui nous paraissait pas trop mal et qu’il était possible de visiter avec trois jeunes enfants. Je ne le nommerai pas maintenant, mais vous en reparle, promis, juré, très bientôt.

Déroulement de la journée

On propose de venir nous chercher à notre hôtel. Comme on habite depuis 2 semaines un minuscule appartement au-dessus d’un restaurant et que l’endroit n’est pas du tout évident à trouver, on s’entend pour qu’on nous prenne devant l’auberge de jeunesse non loin de là.

Il est tôt, très tôt, quand le pickup (songthaew) arrive, et la route pour nous rendre au sanctuaire doit prendre près d’une heure et demie. En chemin, on s’arrête dans un marché pour acheter des ingrédients frais pour le repas du midi, après quoi on repart en empruntant cette fois des chemins de terre étroits et inconstants. On monte, on monte, puis on redescend. Ça brasse comme il le faut. On doit tenir les enfants par moments si on veut en avoir autant à notre arrivée qu’à notre départ. Et il ne faut décidément pas avoir le mal des transports.

Le décor est, toutefois, tout à fait délicieux. Une Thaïlande sans plages investies, sans temples, sans agitation, sans annonces, sans bruit. Que de la verdure, des champs, de rares maisons rudimentaires…

Sanctuaire d'éléphants Chiang Mai

Sanctuaire d'éléphants Chiang Mai

Nous sommes 8 dans notre groupe. Un couple d’Anglais dans la cinquantaine, expatrié à Kuala Lumpur, et une jeune Australienne qui voyage pour la toute première fois de sa vie, seule, durant 3 mois en Asie du Sud-Est. Puis, nous cinq.

Sanctuaire d'éléphants Chiang Mai

Sanctuaire d'éléphants Chiang Mai

À l’arrivée au sanctuaire, on nous fait revêtir les habits de soigneurs (indice pour les animaux qu’on est là en amis, ou mise en scène pour touristes?), puis on aide à préparer la bouillie servant à confectionner les boulettes données aux bêtes pour les soigner. Un mélange d’herbes médicinales et de tamarind.

Sanctuaire d'éléphants Chiang MaiSanctuaire d'éléphants Chiang Mai

La journée semble bien partie. Les enfants apprécient et l’ambiance de groupe est agréable.

Mais un deuxième songthaew arrive. C’est là qu’on comprend que nous ne sommes pas seuls : un autre groupe aussi gros que le nôtre se joint à nous. Nous nous retrouvons 16 pour 2 éléphants. Ça, c’était pas clair dans la prestation.

On descend ensuite dans la vallée pour rejoindre les éléphants pensionnaires (2 à ce moment) et les nourrir. Un fruit lourd tombe d’un arbre, ce qui effraie le plus jeune, nouvellement arrivé, qui part à toute vitesse, évitant de justesse N. (5 ans). Un éléphant, quand ça déguerpi, ça fait pas dans la dentelle, inutile de le préciser.

Remis de nos émotions, on remonte plus tard pour dîner au refuge.

Sanctuaire d'éléphants Chiang Mai

En après-midi, c’est l’heure du bain. On redescend dans la vallée pour offrir aux éléphants un bain de boue avant d’aller les rincer dans la rivière plus loin. Les enfants sont probablement les plus excités par l’activité et portent que plus ou moins attention aux éléphants (!). Les éléphants, eux, semblent réellement apprécier le contact, les massages, les caresses sur leur peau.

Il faut faire attention, car les pachidermes n’ont pas les mêmes critères que nous en ce qui concerne les endroits opportuns pour déféquer et les deux se lâchent lousse dans la boue, dans le bassin même où l’on baigne.

Sanctuaire d'éléphants Chiang Mai

Sanctuaire d'éléphants Chiang Mai

Une Brésilienne passe son temps à faire des selfies. Entre deux clichés, elle replace ses cheveux. Après dîner, elle aura aussi pris soin de retoucher sa ligne de highliner. Sa coéquipière de voyage n’est pas en reste; le fond de teint tient bien et je suis plutôt certaine que son compte Instagram jubile.

À ce moment, je regrette l’expérience de groupe. Je suis déjà, à la base, un peu sauvage sur le principe. Ce n’est rien pour arranger les choses. Une chance que les autres participants sont plutôt sympathiques et surtout, respectueux.

Sanctuaire d'éléphants Chiang Mai

En fin de journée, on part pour une petite excursion théoriquement « en radeau sur la rivière ». J’en ai peut-être manqué une, mais je n’ai vu aucun radeau cette journée-là. La promenade était tout de même très agréable; le décor, absolument splendide.

À la toute fin, on joue d’équilibre sur un pont fragile et imprécis pour atteindre une chute où l’on passe un moment à se baigner. C’est bien beau, bien agréable, mais j’ai un peu de difficulté à justifier notre passage ici alors que le but de notre déplacement était tout autre.

Alors, on a aimé ou pas?

Je dirais que je reste avec un goût doux-amer de cette journée. D’une part, le sanctuaire choisi n’était définivement pas le meilleur d’entre tous, et ce, malgré mon intention au départ de bien faire attention : le nombre de participants trop élevé et le déroulement de la journée qui semblait planifiée plus pour impressionner le touriste que pour mettre en avant-plan les éléphants m’ont fait regretter un peu notre choix.

Bien que l’information donnée sur le traitement des éléphants dans les attractions touristiques communes était pertinente et intéressante, j’aurais aimé un peu plus de chaire autour de l’os, plus de détails, plus d’exemples concrets, plus de sensibilisation. J’aurais souhaité aussi plus de temps avec les animaux, moins de participants (peu importe le prix), moins de selfies.

Je suis restée sur ma faim en ce qui a trait à la réelle proposition du sanctuaire et n’arrive pas dire si les animaux y sont si bien traités que ça. Mon petit doigt me dit que oui, mais que cela pourrait être amélioré.

Décidément, le choix d’un sanctuaire d’éléphants ne devrait pas se faire à l’aveugle. Je vous reviens sur le sujet, promis, juré. C’est nécessaire. EDIT : Comment choisir un lieu pour voir des éléphants heureux en Thaïlande?

About Author

Éparpillée professionnelle, langagière de métier, étudiante à perpète, géographiquement indépendante, voyageuse et mère X3. Voyages, linguistique, tourisme brassicole et musique teintent mon quotidien.

6 commentaires

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  3. Malheureusement, à partir du moment où les animaux ne sont pas dans leur milieu naturel et en totale liberté, il est difficile de pouvoir dire que les animaux sont biens.
    De mon point de vue, ils ont seulement partiellement et temporairement corrigé le problème. Tant que ce sera l’usine à touriste, les animaux ne seront jamais tranquilles.
    Le mieux reste l’observation dans leur milieu naturel. À partir du moment où on veut « toucher » ou approcher de près les animaux, ont s’immisce dans leur cercle d’intimité.
    Bref, il est compliqué de rendre ce genre d’expérience complétement respectueuse de la vue des animaux.

    • C’est vrai d’un côté. De l’autre, ces animaux, soustraits à l’esclavage et au commerce, ont besoin de soins et ont été traités de sorte que de les relâcher directement dans la nature ne les servirait pas. La mission d’un vraie et bon refuge, est justement d’être un passage entre la maltraitance et la liberté. Plusieurs de ces animaux (et c’est le même principe pour les refuges comme le refuge Pageau à Amos ou le Healesville sanctuary à Melbourne) sont ensuite renvoyés dans leur habitat naturel après avoir été soignés ou rééduqués. Ces refuges doivent trouver les sous quelque part. D’ailleurs, un bon refuge limite les contacts et la stimulation humaine et laissent les animaux libres.

      Mais je suis d’accord sur le fait que dès qu’on « touche », qu’on s’immisce dans leur intimité, il est difficile de dire qu’on respecte totalement la vie des animaux. Et même l’observation peut avoir des conséquences négatives sur leur milieu naturel ou sur l’environnement.

      Pas évident tout ça. Entre le désir de ne pas les laisser à eux-mêmes après des années de servitude (comme ce qui s’est passé en Thaïlande, c’est un problème assez complexe au surplus), celui de les respecter et de leur rendre leur liberté en toute sécurité et en santé, et le besoin de financer ces soins et ces relocalisations sécuritaires. Beau casse-tête.

      Merci pour ton commentaire Tim!

  4. Je me suis longtemps posé la question de savoir si je le faisais ou pas lorsque j’étais en Thaïlande. Dans les rues de Chiang Mai, on m’a souvent vanter tout le bien des sanctuaires d’éléphants à la manière de rabatteurs, jusque sur le parvis même d’un wat. Ce côté business m’a complètement refroidi, en plus de l’idée de vagues successives de touristes à brosser et gaver les pachydermes qui ne seraient finalement passés que d’une servitude à une autre… c’est d’ailleurs pour ça que j’aime votre article qui vient nuancer tout ce que j’ai pu lire jusqu’à présent, sans langue de bois. C’est rafraîchissant, merci ;)

    • Merci pour votre commentaire!

      Il est vrai que les pratiques de certains sont très douteuses. Il y a une zone floue incroyable autour de ces refuges. D’une part, certains font réellement le bien. Soigner un éléphant blessé, exploité, malade coûte très cher. D’autre part, il y a parfois abus en la matière. Le rejet systématique de ces attractions ne me semble pas être la solution à tout, mais il serait inconcevable d’y aller les yeux fermés sans avoir fait des recherches préalables.

      Je viens de mettre en lien, à la toute fin de l’article, la suite sur le choix du refuge, si ça vous intéresse :)

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