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On n’y arrivera pas : la fois où on s’est dit que partir en voyage, c’était un peu con

Tout auto-stoppeur doit commencer quelque part. Pour nous, c’est l’Europe qui nous a vus lever notre pouce pour la première fois. Elle devait rigoler l’Europe, car nous n’étions pas, comment dire « catégorie élite ». Pas au départ du moins…

La fois où s’est dit que partir en voyage, c’était un peu con

« Ça y est, c’est officiel, on n’y arrivera pas »,  qu’on s’est dit. À peine une semaine après notre arrivée, assis, déconcertés, à déguster avaler notre repas du soir, un – ce que je crois être – pain à hamburger blanc tartiné d’un truc dégueulasse que je ne saurais décrire, on s’est dit que c’était peut-être un peu con, au final.

Partir faire le tour de l’Europe de l’Ouest, avec un si petit budget, c’était peut-être un peu con. Et force était d’admettre, assis là, à tenter de se nourrir minimalement au milieu des canards stupides et sous le regard malveillant du gardien d’un camping miteux, après une nuit définitivement trop fraîche froide frette aux confins de cette commune perdue quelque part dans le sud des Pays-Bas, que notre situation n’était pas des plus enviables.

« On n’y arrivera pas, j’te dis! »

Un néerlandais d’une cinquantaine d’année s’était arrêté à la sortie de Antwerpen (nord de la Belgique pour les aussi perdus que nous à l’époque) à la vue nos nos jolies frimousses (ou était-ce de la pitié?).

Autostop en Europe

Le néerlandais, plutôt sympathique, on ne le comprenait pas vraiment. Lui non plus ne nous comprenait pas vraiment, mais semblait nous trouver sympa lui aussi. C’est dans un mélange d’allemand, d’anglais, de français et de quelques déductions néerlandaises que nous lui avons fait comprendre que nous recherchions activement un camping ou tout autre endroit où planter notre tente pour la nuit. Il habitait Hagestein. Il y a un camping à Hagestein. End of story.

C’est l’histoire de deux apprentis backpackers comprends-tu…

Voilà l’histoire de deux backpackers qui décident de partir, à l’instar d’une masse grandissante appartenant à sa génération, à la découverte de cette mythique et populaire Europe. C’est aussi surtout l’histoire de deux backpackers qui n’avaient pas les moyens de partir en Europe, mais alors pas du tout. Alors nos deux voyageurs se sont dit qu’ils n’avaient qu’à jouer au jeu des coupes budgétaires massives et sacrifier les deux postes de dépenses les plus imposants : le logement et le transport. Puis de prendre le budget disponible et le diviser par le nombre de jours de voyage. Facile! Pff!

C’est ainsi que, ni « pouceux » ni  « campeux » à la base, nous avons fait le choix plus ou moins pas du tout éclairé de partir en Europe avec un budget limite, faire de l’auto-stop et du camping. Pour 3 mois.

Après 5 jours passés chez une hôte en Belgique, nous nous étions lancé dans l’aventure pour de vrai. Direction Sneek (nord des Pays-Bas)… que nous n’atteindrons jamais au final. Comme nous n’étions pas encore tout à fait assurés de la faisabilité du projet et que nous manquions cruellement d’expérience, nous avions décidé de ne pas déroger de notre budget quotidien. Bref, nous étions stricts (ça ne durera pas, ne vous inquiétez pas!).

Camping en Europe

Ce soir-là, il ne restait de 50 centimes à la journée. C’est avec un air à mi-chemin entre blasé et étonné que la serveuse du mini-bar de ce camping douteux nous a remis notre commande correspondant à notre budget : un pain hamburger, blanc, tout nu. Il y avait un perroquet installé au comptoir (je vois l’image que vous vous faites, donc je rectifie : un perroquet installé SUR le comptoir) qui nous fixait d’un air « tu cause pas à MA serveuse, toi, c’est clair? ». (On était peut-être juste fatigués) Nous avions payé le « surplus étrangers ». Il faisait froid. Nous nous sentions intrus. Hagestein nous accueillait.

Je vous propose un exercice.

  1. Fermez les yeux et imaginez-vous, début vingtaine, rempli d’une excitation et d’un idéalisme sans bornes, vous préparant à quitter votre Canada natal, pour un voyage de quelques mois, en Europe. Que ressentez-vous? Qu’imaginez-vous? Quelles images, quels paysages vous viennent en tête?
  2. Maintenant, ouvrez les yeux (forcément, si vous vous exécutez, ils le sont déjà), puis ouvrez un autre onglet dans votre navigateur -> google image. Tapez <Hagestein> et voyez le clash entre votre imagination vagabonde et la réalité terrain.Hagestein

Bref, on se demandait ce qu’on foutait là…

Forts de confiance idéalisante au départ, nous nous retrouvions en marge d’une petite commune semi-inconnue de la province d’Utrecht (mais qui, jusqu’en 2002, appartenait à la Hollande-méridionale, fait indubitablement important pour le récit). Il faisait particulièrement froid pour la période de l’année. Nous n’avions pas prévu notre équipement pour ces températures. L’autostop nous jouait de mauvais tours. Nous manquions cruellement d’expérience et notre budget semblait tragiquement insuffisant.

Je me suis dit qu’il ne restait qu’un peu moins de 3 mois. Ça ne pouvait pas être si pire…

 

 

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Éparpillée professionnelle, langagière de métier, étudiante à perpète, géographiquement indépendante, voyageuse et mère X3. Voyages, linguistique, tourisme brassicole et musique teintent mon quotidien.

11 commentaires

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  10. J’ai bien ri à la lecture de cet article… J’imagine vos mines déconfites sur le moment, mais cela vous fait de bons souvenirs en tout cas ;-)

    • D’excellents souvenirs Aurélie! Souvenirs d’une jeunesse qui s’essayait à voyager avec trop peu de moyens. Bizarrement, ce voyage en Europe de l’Ouest aura été le plus « à l’arrache » de tous mes voyages, j’avais plus de confort en Bolivie en petit budget. En fait, la Bolivie m’a coûté plus cher haha!

      Tu verras avec la suite qu’on finira par prendre un peu d’assurance et que les buts du voyage changeront ;)

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