Le Salar de Uyuni et le Sur Lipez faisaient partie des lieux que nous voulions voir à tout prix lors de ce voyage de 3 mois en Amérique du Sud. Récit d’un road trip de 4 jours en jeep dans cette région de la Bolivie…
Peu de choses se trouvaient sur notre to-do list avant le départ. On aime bien s’informer sur ce qu’il y a à faire et à voir pour ensuite se laisser porter par nos envies du moment. Des trucs qui nous avaient paru intéressants ne seront pas vus, d’autres qui étaient jusque là inconnus deviendront des moments forts du voyage.
Néanmoins, il y a toujours un ou deux trucs qui nous restent en tête, qu’on ne peut pas s’imaginer passer à côté, qu’on n’a pas envie de mettre dans la catégorie « si ça adonne ». Le Salar d’Uyuni et le Sur Lípez en faisaient partie. On ne savait pas quand, on ne savait pas comment, mais une chose était sûre: on allait y aller.
Excursion dans le Salar d’Uyuni et le Sur Lípez
Jour 1 : s’élever lentement dans la Cordillère des Andes
2 juillet 2007, 9 h : départ pour 4 jours de 4X4 dans le Sur Lipez et le Salar d’Uyuni. L’équipage se compose d’Alberto, notre chauffeur, Flora (la cuisinière, une française en voyage depuis 4 années), Dimitri (un jeune Ukrainien qui vit désormais en Allemagne), Francesco (un Italien sympathique), l’homme et moi.
Le trajet, dès les premiers kilomètres, pousse à l’évidence: il faut bel et bien un 4X4 pour s’aventurer dans le Sur Lípez.
La première journée en est une d’ascencion. La première heure se résume à la route sinueuse et les ravins qui la bordent. Dans ma tête, une musique joue en boucle : de Ushuaïa à la Quiaca (Carnets de voyage). On s’élève lentement mais sûrement dans les hauteurs de la Cordillère des Andes.
Il n’est pas midi que j’ai déjà de la difficulté à assimiler : tant de « wow » en si peu de temps.
Lamas, vigognes, bacuñas, routes sinueuses, paysages de plus en plus désertiques, petits villages andins qui semblent inhabités… Déjà, pour cette première journée, on en a plein la vue et on ne regrette absolument pas d’être parti de Tupiza.
Lamas, plaines et altitude
Les paysages s’aplanissent doucement. Des lamas nous gratifient de leur présence, rendant même parfois la route achalandée. On s’arrête manger dans un petit refuge à Lasarana. Trois maisons aux toits de paille coupent les plaines lunaires.
Villages andins, émerveillement et froide nuit
Nous nous arrêtons ce soir-là dans un petit village andin aux installations rustiques. Il fait nuit lorsque nous arrivons. Nous sommes seuls (en fait, nous sommes 2 Jeeps à nous suivre et à partager les repas).
Nous sommes en juillet et nous nous trouvons alors à 4300 mètres d’altitude. Manteaux, foulards, mitaines, bottes font office de pyjama. Il n’y a pas d’électricité*. La toilette est gelée. Il fait froid. Mais cette première journée nous a tellement paru surréelle, nous en avons tellement eu plein les yeux, que le confort nous importe peu : tout ce que nous avons en tête, c’est que les trois prochains jours s’annoncent aussi mémorables.
*Semblerait qu’il y en un peu depuis…
Jour 2 : Village fantôme et légendes
Notre guide nous réveille à 5 h. Nous déjeunons à 5 h 30 et quittons le refuge à 6 h alors qu’il fait encore nuit. Nous visitons le village fantôme de San Antonio de Lipez. Village à l’époque prisé par les chercheurs d’or et abandonné au XVIe siècle. 150 000 personnes peuplaient alors l’endroit. La légende veut que les habitants passèrent un pacte avec le diable pour que jamais ne s’épuisent leurs ressources.
Réserve nationale de faune andine Eduardo Avaroa
La route continue de nous émerveiller. Les paysages ne cessent de changer. Nous percevons les premières lagunes, et atteignons des hauteurs de plus de 4 800 mètres d’altitude. Le décor, aussi magnifique qu’austère, nous semble irréel. Comment de telles beautés peuvent-elles être encore si bien préservées? Nous sommes chanceux, car nous sommes deux Jeeps à nous suivre et sommes seuls à chaque endroit où nous nous arrêtons.
Thermes de Polques : petite baignade en hauteurs
Arrêt à Aguas Calientes, aux thermes de Polques, voisines de la laguna Salada, dans le Salar de Chalviri, où un petit bassin récupérant l’eau chaude des sources environnantes fût construit. À 38C, il fait bon s’y tremper. C’est la seule fois où nous aurons cette occasion durant ces 4 jours : pas une douche, pas un bain. Nous en profitons pour nous épargner quelques instants la rudesse du transport en 4X4 et pour casser la croûte un peu.
Déserts, lagunes et volcans
Nous poursuivons notre route et entrons dans le désert de Dalí. Grand d’une superficie de 100 km2, l’endroit nous éblouit par ses teintes impressionnantes, fondant entre elles et donnant au décor des airs oniriques.
Nous nous rendons à la Laguna Verde, célèbre arrêt sur ce trajet. Sa profondeur est inconnue alors que la plupart des autres lagunes présenteraient une profondeur d’une moyenne de 80 cm seulement. Boire de son eau serait mortel à cause de teneur élevée en arsenic. En arrière-plan : le Volcan Licancabur, assis sur la frontière entre le Chili et la Bolivie.
Geysers de boue et soroche
Nous nous trouvons alors à 5200 mètres d’altitude, près des geysers Sol de Mañana.
Le soroche commence à m’atteindre, très légèrement, aux environs de 4 800 mètres. Mais à 5 200 mètres, je sens que je ne pourrais pas rester longtemps à cette altitude. La tête me tourne, j’ai le souffle court, je suis loin de la partie de plaisir.
Heureusement, nous redescendrons rapidement après cette escale boueuse à des hauteurs plus convenantes pour moi. Je réussis néanmoins à apprécier le spectacle qui s’offre à nous : des geysers de boue. Cratères fumants et bouillants, crachant de temps à autre quelques jetées de boue. On sent. On sent la chaleur (qui va jusqu’à 200 °C dans les trous) et on sent l’odeur… d’oeufs pourris.
Nous arrivons au refuge à 17 h, à Huaymajara. La nuit sera froide. Très froide.
Jour 3
Laguna Colorada
Nous nous levons à 6 h, puis partons à 7 h, après avoir déjeuné vêtus de nos gants, foulards et manteaux (je l’ai dit qu’il fait froid?). Située à plus de 4 300 mètres d’altitude, la Laguna colorada doit sa couleur à des particules des algues qui réagissent à la lumière du soleil. Les flamands roses sont au rendez-vous. Je ne me serais jamais attendue rencontrer ces oiseaux particuliers à de telles hauteurs. Un doux brouillard s’échappe de la surface de l’eau. L’instant est magique.
Arbre de pierre et volcans
Nous croisons encore 4 ou 5 lagunes toutes plus magnifiques les unes que les autres et arrivons à notre prochaine destination: l’Arbol de Piedra. L’érosion sur la pierre volcanique nous a offert un arbre de pierre aux airs surréalistes qui nous rappellent le désert de Dali traversé la veille. Nous nous trouvons alors dans le désert Siloli.
Plusieurs volcans, dont certains atteignent 6 800 mètres, se fondent en arrière-plan alors que les lagunes de toutes les couleurs s’enchaînent, nous laissant pantois chaque fois. On ne s’habitue pas à cette beauté sauvage, désertique, lunaire. Le repas du midi sera pris au milieu de pierres volcaniques avec vue sur un volcan dont s’échappe une traînée de fumée blanche.
Nous nous arrêtons en fin d’après-midi pour notre dernière nuit aux abords du Salar. Nous terminons cette journée autour d’un feu à fraterniser avec ces gens que nous ne connaissions pas 72 heures plus tôt et avec lesquels nous partageons l’espace restreint du 4X4 depuis trois jours. Encore une nuit froide. L’idée d’un hostel, le lendemain à Uyuni, nous fait sourire: peut-être y trouverons-nous du chauffage?
Jour 4
Salar, le fameux Salar…
Aux aurores, nous nous levons. 5 h 30, me confirme ma montre. Le Salar, dans la pénombre, nous ouvre grand les bras. Depuis 3 jours, chaque plan, chaque point de vue, chaque paysage nous étonne autant que le précédent. Comment est-il possible de voir autant de choses aussi différentes que magnifiques en aussi peu de temps? Encore ce matin: une nouvelle vision, une image jusque là jamais vue. Une merveille longue, blanche et rythmée s’étend à l’horizon.
Nous ne verrons pas le Salar mouillé, vision recherchée par plusieurs touristes. Il n’a pas plu depuis des lunes, nous sommes en plein hiver, tout est gelé, froid, sec. Le spectacle est tout de même impressionnant.
Alors le voilà, le plus grand désert de sel au monde. 12 000 km2 d’un lac préhistorique asséché. Sur 40 mètres de profondeur, s’alternent couches de glaise et couches de sel.
Isla de los Pescadores
Quelques îles prennent place sur l’immense étendue de sel. L’Isla de los Pescadores regorge de cactus vieux comme le monde. Le plus vieux, au moment de notre passage, célèbre ses 1200 ans (grandissant d’un centimètre par année). Nous grimpons l’Arco de Coral et restons un bon moment à observer ce que l’horizon a à nous offrir.
NDRL: Il semblerait que notre vieux cactus n’ait pas terminé l’année. Il serait mort en décembre 2007, mais est toujours visible. Le nouveau plus vieux aurait plus de 900 ans, quand même!
Cette quatrième et dernière journée se termine à 14 h 30, à Uyuni, ville qui me semble bien terne comparativement à la gamme de couleurs qui a teinté les derniers jours. C’est l’anniversaire d’une membre de l’équipage. On lui chante Bonne Fête en 6 langues différentes, on se trouve un hostel tous les 6 et on s’improvise une parrilla dans le plus compliqué des mondes (et c’est parfait ainsi) qu’on partagera tous ensemble avant de se quitter pour poursuivre nos chemins respectifs. Le but est de partir le plus rapidement possible d’Uyuni, mais des bloqueos nous empêchent pour le moment de nous rendre à Potosi ou à Sucre. À suivre!
Pour lire la première partie, c’est par ICI:
-> Excursion dans le Sur Lipez et le Salar de Uyuni, première partie
Alors, ça vous a donné envie de partir découvrir ou redécouvrir ce coin du monde?
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