Flâner, vagabonder, errer, se perdre et se retrouver. Déambuler dans les rues de Paris et renouveler sans cesse cet émerveillement de la beauté des petites et grandes choses, ordinaires et extraordinaires. Une ode à la lenteur, à la contemplation, et à la Ville Lumière, aussi. Flâneur : l’art de déambuler dans Paris, de Federico Castigliano, c’est tout ça et plus.
Flâneur : l’art de déambuler dans Paris
[produit reçu] On me propose la lecture d’un livre, à mi-chemin entre l’essai et le récit, qui traite de flânerie, qui plus est, dans Paris : je me délecte du propos avant même d’en consommer une once.***
« Pour explorer une ville, certains préfèrent suivre un schéma maniaque en visitant les rues ou les monuments par ordre alphabétique et en se déplaçant avec une boussole ou un podomètre. D’autres aiment suivre à pied les indications des guides touristiques, ou bien ce qu’ils ont entendu dire par leurs amis ou leur entourage. Toutefois, aussi paradoxal que cela puisse paraître, afin d’acquérir un regard profond sur les choses il faut avant tout se déplacer au gré du hasard. » (p. 15)
[Quatrième de couverture] Un homme marche dans les rues de Paris, seul et sans but. Il parcourt les longues avenues aux immeubles majestueux, il se perd dans la foule des Grands Magasins. Enveloppé dans son manteau noir, il erre dans la ville sans répit. Mais que cherche-t-il ? Où va-t-il ? Ce livre enseigne à se perdre dans la ville : il contient des récits de promenades et d’aventures urbaines, des histoires de dandys et de flâneurs… Il évoque les personnages, les auteurs et les artistes qui ont erré dans les rues de Paris. En lisant ces pages, vous découvrirez les secrets de la flânerie, l’art noble de vagabonder sans destination.
Dans les rues de Paris, entre l’essai et le récit
Déjà, dans l’avant-propos, la table est mise : ce livre encourage le flâneur à le lire comme bon lui semble, de façon linéaire ou dans l’errance. Les chapitres impairs sont narratifs; les autres, sous forme d’essai. Conventionnelle dans mon approche, j’ai choisi d’y aller dans l’ordre, comme si on me tenait la main, c’est sécurisant.
D’une part, récit : on y marche auprès de protagonistes dans les rues de la ville. La rêveuse en moi s’y laisse aller volontier.
D’autre part, essai : aux intersections de la critique littéraire, de l’urbanisme et de la sociologie, l’auteur y étudie les origines historiques, sociales et culturelles du flâneur du XVIIIe siècle à nos jours. Le travail de recherche est soigné et complet; la théorique en moi est rassasiée.
L’art d’être flâneur
« Errer est humain, flâner est parisien », disais Victor Hugo. Balzac accolait à l’activité une qualité de science, « la gastronomie de l’oeil ». Beaudelaire affirmait que c’était une « immense jouissance ».
Castigliano, dans son livre, aborde l’art d’être un vrai flâneur. On parle ici d’un flâneur au sens littéraire, mais d’exécution propre. Il y fait l’éloge de l’absence de plan, de l’importance de laisser tomber cette hiérarchie virtuelle entre les endroits dignes d’un arrêt et ceux auxquels peu près personne s’intéresse…
Il nous rappelle aussi l’intérêt que peut revêtir la périphérie, souvent révélatrice de l’âme d’une ville, et de ne pas s’en tenir qu’à son coeur… On y découvre comment le flâneur devient un peu la ville et la ville, un peu le flâneur, à travers une relation quasi organique avec la ville, ses rues, son temps.
Mon avis sur Flâneur : l’art de vagabonder dans Paris
Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu un livre de voyage aussi proche de cet esprit contemplatif que j’embrasse aveuglément et que je tente de laisser transpirer dans mes écrits assez souvent. J’y ai trouvé là une ode à la lenteur, à la flânerie, à la beauté des choses qui passent parfois pour invisibles à l’oeil du voyageur de passage, à la check-list insatiable, gobant sur son passage sans s’y attarder tous les riens entre deux arrêts positionnés dans une sorte de hiérarchie de ce qui mérite un regard; profond ou non. Une attitude très près de ma façon d’explorer les villes où j’ai le choix – ou pour lesquelles je fais le choix – de m’arrêter et de prendre le temps de ne pas passer en coup de vent.
Avec cette tendance à la référence – historique, littéraire, artistique, sociale -, j’ai été conquise sans retard. Bien que j’essaie de plus en plus à me tremper dans le bassin de la fiction, du récit, je reviens toujours aux écrits qui informent, racontent, qui utilisent la référence, l’analyse. Avec Flâneur, j’ai pu alterner entre deux eaux, deux mondes textuels, deux états d’esprit; l’un plus contemplatif, l’autre plus analytique.
Le style d’écriture m’a aussi beaucoup plu. Attendez-vous à une prose élégante et à un contenu dense. À mon sens, Flâneur n’est pas une lecture de coin de table; il se déguste peu à peu, sur la base d’une implication entière de l’esprit. C’est le genre de livre où je me retrouve à retourner doucement sur mes pas pour lire et relire certains passages symboliquement marquants et mieux absorber l’essence des faits transmis.
[À propos de l’auteur] Federico Castigliano est doctorant de l’Université de Turin où il s’est intéressé aux liens entre littéraire et espaces urbains. Il étudié en Italie et en France et enseigne actuellement à l’Université de Beijing.
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*L’auteur m’a gracieusement offert deux copies du livre. Ce billet relève néanmoins de mon initiative personnelle et les opinions émises restent entièrement les miennes.