Après un souffle de positivisme apporté par Utrecht, ville avec laquelle nous sommes rapidement tombé en amour sans raisons apparentes, nous avions décidé de rejoindre Amsterdam, pour ensuite poursuivre encore plus vers le nord, rejoindre une amie de la famille à Sneek. Les plans ont vite changé.
Passage à Amsterdam
Sans trop de difficultés (ce qui nous étonna, compte tenu du court historique limite catastrophique de notre très modeste expérience d’autostop), nous nous sommes rendus à Amsterdam. Il faisait encore plutôt froid et comme nous avions profité du luxe de l’auberge de jeunesse (lit, douche, eau chaude, le paradis) la veille, nous avions convenu qu’il ferait mieux monter la tente ce soir (histoire de budget).
On se remet en contexte: On est parti avec très (trop?) peu d’argent et nous tenons encore les rênes de la finance serrés : chaque écart nous fait nous questionner. Allons-nous y arriver? C’était quoi cette idée débile, au fait? Nous nous sentions un peu dépassés, quoique qu’excités par ce qui nous attend.
Bref, c’est environ 40 minutes après avoir mis les pieds à Amsterdam qu’on décidera de laisser tomber la conquête du nord du pays. Nous sommes nuls (par soucis de précision, certains diraient inexpérimentés) en autostop. Il fait plus froid qu’à l’habitude pour cette période de l’année aux Pays-Bas. Nous ne nous sentons pas à notre place, pour des raisons qu’aujourd’hui encore je n’arrive pas à m’expliquer (Parce que, avec du recul, Amsterdam, c’est une foutue belle ville pleine de charme où il y a tant à faire. Je me promets d’y retourner un de ces 4, un peu plus fortunée, mais surtout, plus mature.)
Pour tout dire, on n’a qu’une envie : retourner en Belgique. C’est comme ça. Comme on n’a plus aucun plan (mais vraiment, aucun comme chez aucun), le seul plan revient à emboîter le pas à nos désirs immédiats, irréfléchis, appuyés ou non par la logique.
On a pris le train
Eh oui. Par manque de motivation, par manque de confiance, on a pris le train. Le trou dans le budget fût assez impressionnant, mais l’idée de lever le pouce encore ce jour-là nous rendait mous. On décide donc de prendre un billet de train direction Bruxelles. Petit courriel à notre hôte en Belgique que nous n’étions pas censés revoir. Allo M., on galère un peu. On peut revenir se poser un peu question de repartir comme il faut pour de bon? Réponse positive, notre train part dans une dizaine d’heures, ce qui nous laisse le temps de parcourir encore un peu la ville.
Avec du recul
Aujourd’hui, j’ai l’impression que la raison pour laquelle nous n’avons pas poursuivi notre chemin aux Pays-Bas Bas n’a rien à voir avec notre habilité à s’y déplacer, notre capacité à s’y sentir « à notre place », mais qu’elle a tout à voir avec notre envie irrépréssible de revoir M. et T. Des adieux inachevés, une femme et un homme qui nous ont marqués. Un besoin de les côtoyer encore un petit peu, le temps de gagner en confiance, d’être encore un peu inspiré par ces voyageurs humbles, humains et généreux.
M’enfin, nous ne verrons pas grand chose d’Amsterdam. Un coffee shop par-ci (hey, on a 19 ans, à l’époque, dois-je le rappeler? je pourrais en ajouter une couche en disant que j’étais alors musicienne, mais ce serait d’un cliché exaspérant), quelques canaux par là (il aurait fallu abuser du premier pour ne pas les voir ceux-là).
Ce train, ce sera le seul du voyage. Au moment d’y prendre place, nous nous questionnons. Et si on n’y arrive pas? Et si le stop, c’est pas pour nous? Comment réussirons-nous à financer ce voyage? Devrions-nous l’écourter? La confiance en notre projet n’est pas au sommet, il faut l’avouer.Avec du recul, c’en est presque touchant.
à suivre…