Le lendemain de l’épisode de découragement et de remise en questions au cours duquel nous avions réalisé l’ampleur de l’incertitude (« On n’y arrivera pas« ), nous nous sommes réveillés tôt. Beaucoup trop tôt. Il avait fait froid. Beaucoup trop froid… durant cette nuit difficile. Les sacs de couchage refermé à outrance, de sortes que seulement une petite ouverture nous permettait de respirer. Les pieds insérés dans nos sacs-à-dos, au milieu des quelques vêtements que nous n’avions pas déjà enfilés (et pour le peu que nous avions choisi d’apporter, je vous promets que l’isolation était loin d’être optimale). Il avait plu. Trop. Nous avions tout de même dormi. Un peu.
Donc, 6h00 AM, tout était remballé: tentes, matelas, oreillers, sacs de couchage. Nous étions habillés, avions presque déjeûné (mouais… je pense qu’on peut appeler ça ainsi). Nous étions prêts à quitter cet endroit. Direction: Amsterdam… à peu près. Ou ailleurs. L’important était de rejoindre la civilisation.
Il nous aura fallu marcher durant 2 longues heures sur une route où AUCUNE voiture n’est passée durant tout ce temps. Escalader un escarpement dans la rosée qui n’avait pas encore eu le temps de sécher, à s’agripper aux herbes hautes abritant une espèce impressionnante de colimaçons à mes yeux, énormes. Là, tout en haut, se trouvait… une route (une vraie)! Quelle joie! Malheureusement, mauvaise technique, mauvaise allure, ou mauvaise chance, je ne saurais dire à qui la faute, personne ne nous pris.
Nous avançions nonchalamment le long de la route, jusqu’à ce qu’on arrive à la hauteur d’un pont qu’il nous faudrait traverser d’une façon ou d’une autre. Encore une petite tentative pour se faire prendre. Et non. La journée avance, nos estomacs nous menacent de quitter leurs fonctions, et nous en avons marre. Déjà. Nous sommes trempés, avons froid. Nous finissons par traverser le pont à la marche, se faisant klaxonner approximativement 168 fois en 15 minutes. Ça, ou l’impression de ne pas être au bon endroit.
Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais cette journée qui semblait au départ destinée à mal tourner, s’est transformée sur le coup de l’arrêt d’un véhicule (dieu existe). Nous avons parcouru les 8 derniers kilomètres en quelques minutes d’extase (il y a de l’espoir, on n’est peut-être pas si nuls, après tout?).
« Où allez-vous?«
– N’importe où. On a faim. Et on ne veut plus avancer pour aujourd’hui. Un endroit où se poser, c’est tout ce qu’on demande.
« Je vais à Utrecht, je vous pose au centre-ville? »
Nous n’avions jamais entendu parler de Utrecht avant aujourd’hui, n’avions aucune idée de l’essence de l’endroit. Grande ville, petit village? Et si c’était de la même veine qu’Hagestein? Nous verrons bien.
Utrecht est une des villes faisant partie de celles qui m’ont séduite sur le coup. À peine descendue de la voiture de notre charmant conducteur (et sauveur), en quelques minutes, cette ville m’a charmée. J’aime croire qu’une toute petite partie de moi y est demeurée. Notre passage y fût court, mais la cause de notre découragement de la veille nous semblait soudainement bien futile.
Mais qu’est-ce qu’on a bien pu penser? Qu’on n’y arriverait pas? Pfff! On est plus forts que ça, plus débrouillards que ça. Suffit de prendre un peu d’expérience, d’éviter les excès, et de croire en notre projet, et le tour est joué. Allez! on se relève les manches et on trouve de quoi manger à moins de 1 euro et un endroit où se loger pour la nuit, idéalement à moins de … il nous reste combien alors? ah oui?… 3 euros? c’est tout? T’es sûr que ton calcul est bon? Ah mince…
À suivre…
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