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Jusqu’à quand puis-je prendre l’avion enceinte?

Ça y est, vous êtes enceinte! Le moment que vous attendiez tant est enfin arrivé! La grande voyageuse en vous a envie de s’offrir un dernier voyage sans enfants avant de passer aux voyages en famille. Normal. Mais, au fait, jusqu’à quand pouvez-vous prendre l’avion enceinte?


Quand il est question de grossesse et de transport aérien, on lit et on entend un peu tout et son contraire. Des conseils basés uniquement sur l’expérience personnelle aux recommandations officielles parfois mal interprétées, l’information reste somme toute, dans la majorité des cas, assez basique. J’aime particulièrement ce qui touche à la période périnatale en voyage, déformation professionnelle oblige. Voici donc une série abordant une liste de questions que je vois revenir souvent…

Cette série regroupera plusieurs questions en lien avec la périnatalité et les voyages. J’y répondrai en enfilant mon habit d’accompagnante périnatale, métier que j’exerce depuis 2010.

Épinglez cet article sur Pinterest et consultez-le plus tard!Prendre l'avion enceinte, jusqu'à quel moment?

Jusqu’à quand prendre l’avion enceinte? Ça dépend du transporteur!

Première chose à savoir: Les politiques à propos des femmes qui planifient prendre l’avion enceinte diffèrent d’un transporteur à l’autre, et parfois aussi, selon le type de vol prévu. Tout comme pour les règles relatives au transport en avion pour les bébés de moins de deux ans, il vaut toujours mieux se renseigner directement auprès du transporteur convoité, peu importe ce que la voisine a vécu.

Néanmoins, la plupart des transporteurs aériens imposent une restriction de vol aux femmes en fin de grossesse : une limite de temps au-delà de laquelle, théoriquement, il vous sera impossible de monter à bord. Il n’y a pas de consigne internationale unique à ce sujet et chaque transporteur établit ses propres politiques.

De façon générale, une femme qui n’a jamais accouché prématurément et dont la grossesse se déroule normalement peut voyager jusqu’à la 36e semaine de grossesse inclusivement, et jusqu’à la 32e semaine dans le cas d’une grossesse multiple ou à risque particulier. Dans la plupart des cas, un certificat médical est souhaité à partir de la 28e semaine de grossesse.

British Airways y va donc d’une limite de 36 semaines pour une grossesse simple sans complications, de 32 semaines pour une grossesse multiple, et spécifie qu’un certificat médical est souhaité dès 28 SA, dans tous les cas : règle, somme toute, assez commune.

Le transport aérien étant ce qu’il est, vous pourriez vous retrouver devant une toute autre indication chez un autre transporteur ou devant un système de calcul différent…  N’oubliez pas, non plus, que les règles peuvent changer à tout moment, sans préavis.

Par exemple, American Airlines calcule en jours avant la date présumée d’accouchement (DPA) et restreint les vols dans les 7 jours précédant la DPA pour les vols domestiques de moins de 5 heures, tandis que la période s’étend à 30 jours avant la DPA pour les vols internationaux.

Attention, on précise toutefois que les vols au-delà de cette période de sont pas recommandés, mais qu’il reste possible de voler moyennant un examen médical et une lettre attestant la stabilité de la grossesse et l’absence de risques particuliers. Cette lettre doit être signée dans les 48 heures qui précèdent le départ.

S’il vous arrivait l’envie de voler encore plus près de votre DPA, il vous faudra l’accord du Special Assistance Coordinator. En plus de ça, on vous demande un certificat médical pour tout vol dans les 4 semaines qui précèdent votre DPA (domestique ou international).

Autre exemple : Une femme enceinte qui n’a jamais accouché prématurément et dont la grossesse se déroule normalement peut voyager à bord d’un vol d’Air Canada, de Jazz ou d’un vol à code multiple d’Air Canada exploité par un transporteur de troisième niveau, jusqu’à la 36e semaine de grossesse, inclusivement.

Des règles qui se ressemblent, mais qui varient

USAirways propose des règles semblables et rajoute : « Si le vol prévu a lieu dans les 7 jours précédant votre date présumée d’accouchement, vous devrez fournir un certificat médical daté d’au plus 72 heures précédent le vol, et précisant que votre médecin ou sage-femme vous a examinée et a déterminé que vous étiez apte à monter à bord. »

Turkish Airlines va sensiblement dans le même sens à quelques jours/semaines près.

Ryanair et Lufthansa émettent des consignes semblables. La première demande à ce qu’une lettre «d’aptitude au vol» soit signée par votre médecin ou sage-femme dans les 2 semaines précédant le vol. La deuxième spécifie qu’une dérogation peut être demandée auprès du Medical operation center et fait aussi passer la limite pour grossesse multiple de 32 à 28 semaines.

Le cas de Qantas est aussi intéressant. D’après leur site Internet, il est nécessaire de présenter un certificat ou une lettre enregistrée d’un médecin ou d’une sage-femme pour tout voyage après 28 semaines de grossesse. Cette lettre doit confirmer :

  • la date présumée d’accouchement;
  • s’il s’agit d’une grossesse multiple ou simple;
  • et qu’il n’y a aucune complication reliée à la grossesse.

Toujours chez Qantas, pour les vols de plus de 4 heures, il est possible de voyager jusqu’à la fin de la 36e semaine de grossesse (SG) pour les grossesses uniques, et jusqu’à la fin de la 32e semaine pour une grossesse multiple. Pour les vols de moins de 4 heures, il est possible de voyager jusqu’à la fin de la 40e SG pour une grossesse simple et jusqu’à la fin de la 36e semaine pour une grossesse multiple. Dans tous les cas, si la grossesse présente des complications, un certificat médical est requis.

Chez Japan Airlines, on précise que «la grossesse n’est pas une maladie», et qu’une attestation médicale doit être fournie :

  • si vous prévoyez voler après le début de la 36e semaine de grossesse;
  • si la DPA est incertaine;
  • lors de grossesses multiples;
  • et s’il y a antécédant de prématurité.

On rajoute que si le vol a lieu dans les 14 jours avant la DPA, un obstétricien ou une sage-femme doit accompagner la femme (!).

Certains pays peuvent limiter ou restreindre l’entrée sur leur territoire aux femmes enceintes non-résidentes à partir d’un certain nombre de semaines, indépendamment de l’autorisation de vol. Nous y reviendrons…

Mieux vaut se renseigner directement auprès du transporteur

Vous pouvez donc aisément constater que lorsqu’il est question de déterminer avec précisions jusqu’à QUEL MOMENT une femme peut voyager en avion durant sa grossesse, il existe des tonnes de nuances qu’il peut être utile de connaître avant de planifier tout déplacement ou de choisir un transporteur…

Notez que la possibilité de monter à bord d’un avion ne représente pas nécessairement les possibilités d’obtenir une assurance-voyage en cours de grossesse et que les règles relatives à de telles assurances comportent elles aussi, leur lot de nuances. Nous y reviendrons aussi.


 Que fait-on de tout ça?

Alors, comment pouvons-nous éviter certaines incompréhensions relatives aux règles qui diffèrent légèrement d’un transporteur à l’autre?

En communiquant directement avec le transporteur convoité!

Mais ce n’est pas tout…

Avez-vous remarqué le flou possible autour de l’avancement de la grossesse au moment du vol, versus les règles relatives à chaque transporteur?

Petite mise en situation :

Vous en êtes à 23 SA. Vous prenez soin de vous renseigner auprès de votre transporteur des recommandations en vigueur. Aucun document demandé avant 27SA? Super! Pas de besoin de certificat médical ni rien.

Une fois arrivée à la porte d’embarquement, on vous apostrophe… Notez qu’il n’existe aucune formation spécifique (et que de toute façon, cela serait impossible) pour apprendre à dater une grossesse avec précision simplement par le regard (un regard profond, insistant, aux propriétés divinatoires, peut-être?). Vous donnez peut-être l’impression d’en être à 30 semaines… où est donc votre certificat qui confirme votre DPA? Vous n’en avez pas, évidemment…

La même logique s’applique aux possibles complications. Au type de grossesse, aux antécédants, etc.

Est-ce que je suggère de vous munir d’un certificat médical dans tous les cas, à tous les stades de la grossesse? Non, pas du tout… Mais selon l’avancement de votre grossesse, votre apparence… peut-être. C’est à vous de voir. Aerolineas Argentinas explique bien ce genre de situation sur son site.

Jusqu’à quand prendre l’avion enceinte? Les grandes lignes…

(de façon générale et malgré la variété)

À partir de 28 SA, plusieurs transporteurs demandent un certificat médical indiquant :

  • le bon déroulement de la grossesse;
  • l’absence de complication;
  • s’il s’agit d’une grossesse simple ou multiple;
  • et la date présumée d’accouchement (DPA).

Certains transporteurs définissent une limite de temps durant laquelle un tel certificat est valide. Exemple: 2 semaines maximum avant la date du départ.

Une femme dont la grossesse se déroule normalement et qui est enceinte d’un seul bébé peut voyager jusqu’à la 36e semaine inclusivement avec la plupart des transporteurs pour la plupart des destinations.

Cette limite peut différer selon les transporteurs, et parfois selon la destination. Certains transporteurs spécifient « jusqu’au début de la 36e semaine ».

Une femme vivant une grossesse multiple pourra se déplacer jusqu’à 32 SA avec la plupart des transporteurs.

Certains transporteurs proposent 28SA… encore une fois, cela peut varier.

La permission de vol et la possibilité d’obtenir une assurance-voyage (volet santé) sont des phénoménes indépendants.

Tout comme la possibilité d’entrer sur un territoire donné en fin de grossesse…

Bref, malgré toutes les généralités qu’il est possible d’en tirer, les règles peuvent varier selon :

  • Le transporteur
  • La durée du vol
  • Le type de vol (international, domestique, etc.)
  • Le type de grossesse
  • Les antécédents de grossesse

Tant qu’à rendre les choses compliquées…

Comme le calcul de la DPA ne se fait pas de la même façon partout (au Québec, on fixe la DPA à 40SA; en d’autres endroits, cela peut aller jusqu’à 41SA, 41SA3/7, etc.), gardez en tête que « jusqu’à 32 SA révolues » signifiera alors la même chose peu importe où l’on se trouve, mais que « jusqu’à 30 jours avant la DPA » peut présenter de bonnes variations entre les différentes politiques et les différentes façons de faire le calcul.

Dans un même ordre d’idée, la grossesse est, sur le plan international, généralement calculée en termes de semaines d’aménorrhée (SA), bien que dans certains pays, on parle encore de semaines de grossesse (SG). La plupart des transporteurs font textuellement référence à « semaines de grossesse » alors qu’en réalité, ils tiennent compte des semaines d’aménorrhée (SA) dans leurs calculs… À en perdre son latin obstétrical!

Vous trouvez que je m’enfarge dans les fleurs du tapis ? Gagnant ma vie dans le domaine de la périnatalité ET dans le domaine langagier, je peux vous assurer que ces nuances peuvent, de temps à autres, avoir un impact considérable. Mais oui, pour ce type de questions, j’aime bien m’enfarger dans les fleurs du tapis, c’est mon métier, après tout!


Cet article a été rédigé en collaboration avec ma collègue Caroline Champagne, accompagnante périnatale et conseillère voyage.
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Liens vers les informations relatives à la grossesse de chaque compagnie citée :

Références :

  • Is air travel in pregnancy safe? Gideon Koren, MD, FRCPC, FACMT. Canadian Family Physician, September 2008., vol. 54, no. 9. 1241-2142
  • Air Travel During Pregnancy. ACOG Committee Opinion No. 443. American College of Obstetricians and Gynecologists. Obstet Gynecol 2009;114:954–5.
  • Adverse outcome of pregnancy following air travel: a myth or a concern? Chibber R, Al-Sibai MH, Qahtani N.  Aust N Z J Obstet Gynaecol 2006;46:24–8.
  • Does air travel affect pregnancy outcome? Freeman M, Ghidini A, Spong CY, Tchabo N, Bannon PZ, Pezzullo JC. Arch Gynecol Obstet 2004;269:274–7.

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Éparpillée professionnelle, langagière de métier, étudiante à perpète, géographiquement indépendante, voyageuse et mère X3. Voyages, linguistique, tourisme brassicole et musique teintent mon quotidien.

8 commentaires

  1. De ma propre expérience, l’important est d’être honnête avec l’image que l’on renvoie. A-t-on un ventre énorme ou pas.
    J’ai voyagé au début et à la fin du 4e mois de grossesse, ce n’était absolument pas visible, donc je n’avais rien prévu. Mais j’ai quelques copines qui pendant la même période ferai mieux de prévoir quelques documents.

    • Tu as tout à fait raison : l’image joue bien plus que le calendrier au final! À 8SA, lors de ma quatrième grossesse, on me demandait dans combien de semaines je devais accoucher! On me pensait vers la fin, déjà… Évidemment, à 33SA, au retour, je ne passais pas inaperçue ;)

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  6. Sympa l’article. Personnellement j’ai voyagé aux USA à 6mois et demi de grossesse et avais pris mon certificat médical au cas où car le retour se faisait à 36 SA passé. La compagnie ne m’a jamais posé de question car j’étais en bonne forme avec le sourire. Par contre le douanier à l’entrée des Etats-Unis, nous a posé des questions( notamment le travail de mon mari) pour vérifier que je ne venais pas dans le pays pour y accoucher et tenter de rester sur le territoire. Il a hésité à nous autoriser à entrer dans le pays. Quand aux assurances, j’ai découvert quelques semaines avant de partir que je n’étais couverte pour la grossesse car trop avancée. J’ai contacté plusieurs autres assurances aucune n’a voulu m’assurer car je dépassé 32 SA pendant le voyage. Heureusement tout s’est bien passé.

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