***** ******* *****

Je retournerai à Taïwan pour mieux comprendre

Je n’ai pas eu le temps de vraiment comprendre Taïwan. Ce pays dont je ne connaissais rien au moment d’acheter les billets d’avion et dont je ne connais encore que trop peu de choses après y avoir passé un (tout petit) mois. Ce pays qui m’a vue arriver le coeur gros d’émotions négatives et partir la tête remplie d’un attachement inexplicable.

Ce pays, aussi, qui nous a vus malades, frigorifiés, qui nous a vu galérer, changer d’idées, dessiner les traits incongrus d’un itinéraire gribouillé au fil des humeurs, des rencontres et des difficultés. Ce pays que j’aurais aimé avoir le temps de mieux comprendre. Bref, de ce voyage à Taïwan, il m’est difficile de faire un portrait global.

Je retournerai à Taïwan

Avertissement : Billet rédigé sur le coup, tentant d’expliquer quelque chose que je ne réussis pas encore à expliquer. Good luck with that.

Humeurs changeantes

Vous vous souvenez peut-être de mon état d’esprit à notre arrivée : désolant, intimement négatif, et surtout, incontrôlable; il m’annonçait un mois difficile et me soufflait des envies de fuite. Après coup, je me suis rendu compte que ces émotions n’avaient que très peu à voir avec les lieux : mon dérapage mental était géographiquement indépendant de ses coordonnées.

Bien sûr qu’arriver à Taïwan, ce n’est pas arriver à Baie-Comeau. Ça déroute, embarfouille, embroussaille les attentes. Ça prend tes repères, ça les met en boules et ça les lance à bout de bras.

Mais cette fois-ci, ce n’était pas ça (bon, quand même un peu), c’était intérieur, intrinsèque, à gérer par en-d’dans. J’en ai perdu mon latin, mon mandarin (quoi que de ce côté, je n’avais pas grand chose à perdre ni pour l’un ni pour l’autre) et un peu la tête, mais heureusement, les choses se sont vite replacées.

Subtiles difficultés

Mais bien que le sourire fut rapidement de retour, Taïwan restait hors de portée. Pas difficile à vivre, pas difficile à supporter. Difficile à décoder. Une difficulté subtile, pas de celles qui vous envoie en plein visage l’intensité d’un pays, à grands coups d’odeurs, de couleurs, de trop, de tout, de rien, de choc et de remises en question. Non, une complexité fine, discrète, délicate, voire charmante.

C’était la première fois que je voyageais dans un endroit où je ne possédais pas au moins une certaine base linguistique utile. C’était aussi la première fois que je mettais les pieds en Asie de l’Est. Et probablement aussi la première fois où j’arrivais dans un pays qui m’était autant inconnu à la base.

Tout ce que je connaissais de Taïwan se résumait en un tableau Pinterest et un livre dont je venais de terminer la lecture (Cartes postales d’Asie, par Marie-Julie Gagnon de Taxi-Brousse). Alors que le premier m’a surtout offert une image idéalisée du pays, le deuxième m’a placée, le temps d’une lecture, dans une réalité – bien que très différente de ce qu’allait être la mienne – authentique. C’était déjà ça.

La rencontre de deux Taïwanais généreux de leur âme et de leur temps ont vite transformé ces sentiments d’incompréhension en portes à ouvrir, en curiosité assumée. Taïwan s’est laissée comprendre un peu plus chaque jour et on a appris à la déchiffrer à notre façon.

Trouver ses repères

Puis, le temps a passé, on a pris nos aises, on a trouvé des repères, on a essayé de s’inscruster dans le paysage du mieux qu’on le pouvait. On a été des voyageurs low-profile, découvrant la vie taïwanaise au rez-de-chaussée, dans l’ordinaire, le quotidien.

Ce n’est pas que Taïwan soit un pays difficile, loin de là. Courez-y, vous verrez par vous-même. En fait, je dirais même qu’il est particulièrement facile d’y voyager. Les habitants sont d’une générosité à faire tomber et le sentiment de sécurité est incroyable.

Comprendre un pays

Comprendre un pays ne se fait pas en quelques jours.  Ça prend du temps, du sur place, une certaine intégration, la compréhension des codes sociaux, linguistiques. Et par « comprendre », j’assume qu’on reste assez souvent dans les couches embryonnaires de la compréhension.

Quand on voyage, il est rare qu’on passe suffisamment de temps dans un pays pour réellement le « comprendre ». On le voit, on l’interprète à notre façon et on pige à la surface quelques connaissances générales.

Néanmoins, on peut appréhender les codes, se faire une idée plus ou moins juste de la situation, de la culture, de la nature des interactions entre les éléments qui la composent, moyennant un chouilla de curiosité et l’envie de descendre dans les rues.

Ne pas tout comprendre

Quand je voyage, j’accepte assez bien le fait de ne pas avoir le temps de bien comprendre/voir/découvrir chaque pays, chaque région (chaque ville, chaque quartier) devrais-je dire même. Et plus je reste longtemps dans un pays, plus je me rends compte de l’immensité de ce qu’il y a à en connaître. J’assimile ce que je peux avec le temps que j’ai.

Mais pour Taïwan, je reste sur ma faim. Dans pratiquement tous les pays où j’ai eu la chance de voyager, j’ai eu l’envie d’en savoir plus, de rester plus longtemps. Ça allait de soi. Mais cette fois-ci, c’est différent. Il y a longtemps que je n’avais pas ressenti ce sentiment d’incomplétude, d’insuffisance, qu’il m’est encore difficile de mettre en mots…

Je retournerai à Taïwan.


Vous pourriez aussi aimer :


Comprendre Taïwan

 

 

About Author

Éparpillée professionnelle, langagière de métier, étudiante à perpète, géographiquement indépendante, voyageuse et mère X3. Voyages, linguistique, tourisme brassicole et musique teintent mon quotidien.

13 commentaires

  1. Un petit bonjour d’Amos :) avec notre -23 ce matin!

    Je suis bien surprise de lire cet article ce matin alors que ça fait un mois que je tourne en rond à écrire nos premières impressions de notre difficile arrivée à Taiwan et je n’y arrive pas… j’y travaillais encore hier… C’est la raison pourquoi pour ce pays, j’ai du retard et j’écris les articles dans le désordre et viendra probablement à la fin, nos premiers pas. Un pays où nous aurions finalement allongé notre séjour de 2 mois supplémentaires si les circonstances d’y étaient prêtées. Même nos 3 mois nous ont laissé sur notre faim.

    • Haha! Bonjour Maryse! Plutôt comique que je salue les gens d’Amos par hasard dans cet article (j’y vais souvent et j’y ai de la famille, c’est pourquoi) et que ça tombe sur cet article que tu tente d’écrire. Je ne savais pas que votre arrivée avait été difficile à vous aussi. J’ai bien hâte de lire ce récit (quand tu seras en mesure de l’écrire) et je te te remercie d’avoir pris le temps de me laisser un petit et de me rassurer : je ne suis pas la seule à avoir de la difficulté à mettre des mots sur ce sentiment que Taïwan m’a infligé.

  2. excellent article… xié-xié! :-) j’y suis allée 4 fois, et je compte y retourner asap… pk? because: ”Come and see the beauty of our island, it’s so colourful and pretty… our island is a paradise, come and taste the best… our people are so friendly, it will be the most amazing journey for your heart to feel and see…”
    (A-mei) – http://www.youtube.com/watch?v=gAmnitVzsgY
    * * *
    bonne continuation & amitiés toulousaines, Mélanie NB

  3. hello et bien Taiwan aura eu bien des effets sur toi mais c’est aussi intéréssant de voir que tout ne peut pas être si simple parfois. On peut éprouver des sentiments complexes avec un pays. Contente d’avoir pu te suivre dans ton cheminement.

    • C’est bien, des sentiments complexes. Taïwan aura définitivement laissé une marque. Aurait-elle été la même si on y avait été à la fin du voyage? Je ne sais pas, mais à ce moment-là, avec cette température-là, avec l’expérience de l’Asie que nous avions, Taïwan a été très spécial pour nous.

  4. Pingback: 1 mois à Taïwan : rétrospective et itinéraire

  5. Pingback: Qui sont les dinos de la blogosphère voyage francophone ? - Taxi-Brousse

  6. Pingback: 7 semaines en Thaïlande : rétrospective et itinéraire ⋆ La Grande Déroute

  7. Pingback: Voyage en Thaïlande : itinéraire et rétrospective

Leave A Reply